"Movember" : qui sont Travis Garone et Luke Slattery qui ont lancé ce mouvement pour sensibiliser aux cancers chez l’homme ?
L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
C'est la 11ème édition du Movember cette année en France. On dépiste, chaque année, plus de cancers chez l’homme que chez la femme, mais le Movember ne prend toujours pas vraiment dans l'Hexagone. "Movember", c’est la contraction des mots anglais Novembre et moustache. L’idée, messieurs, jusqu’à la fin du mois, c’est de vous laisser pousser la moustache pour inciter au dépistage des cancers masculins, de la prostate et des testicules en particulier, et lever des fonds pour la recherche.
À l’origine, l’idée ne part absolument pas du cancer mais bien de la moustache. On est en 2003, Travis Garone et Luke Slattery, deux copains, la trentaine à peine, boivent une bière au Gipsy Bar, à Fitzroy, le quartier underground de Melbourne. Ça parle chiffon, mode... Et ils remarquent que la moustache, qui était tellement tendance dans les années 1980 en Australie, n'est plus du tout portée. Ils se chambrent : "Chiche, on essaie de la relancer."
Entretenir sa moustache durant tout le mois
Les deux hommes décident de convaincre 30 copains de se laisser pousser la moustache. Certains en profitent pour soutenir une cause, qui va du bien-être animal à la santé des hommes, notamment le cancer de la postate. Ils rédigent les règles de Movember - qui n'ont pas changé depuis : on démarre le mois rasé de près, on entretien sa moustache et le bouc et la barbe sont interdits !
Chaque nouveau moustachu verse 10 dollars à l'association. Ils dessinent leur premier logo - avec forcément du poil ! Et ils envoient un mail à leur entourage avec ce slogan : "Are you man enough to be my man?" On pourrait le traduire en français par quelque chose comme "si t'es un homme, un vrai, tu m'intéresses". Le succès est immédiat. Et avec tellement d'enthousiasme que l'année suivante, en 2004, le frère de Trevis Garone, Adam, entre dans l'affaire, crée une structure et un site internet. Un quatrième monte une campagne à travers tout le pays. Le cancer de la prostate devient officiellement l'objet de la campagne - exactement comme certains se mobilisent autour du cancer du sein chez la femme. Résultat : 54 000 dollars australiens sont versés à la Fondation australienne pour le cancer de la prostate, par 450 moustachus, qui ont désormais un nom : les "Mo Bros", comprenez les "potes à moustache". Parmi eux, un certain Nick Reece qui est aujourd'hui Maire de Melbourne et président du Conseil d’Administration de Movember.
Un cause défendue à l'échelle mondiale
Le mouvement démarre en Espagne, au Royaume-Uni. Il s'organise : en 2005, il comptait 9 315 Mo Bros et 1,2 million ont été récoltés. Au bout de trois ans, ça devient un métier à temps plein pour Luke et Adam : 56 000 Mo Bros, mais aussi des "Mo sisters" : des femmes qui incitent les hommes de leur entourage à se faire pousser la moustache ou lèvent des fonds.
La première campagne internationale est lancée en 2007. Nouvelle Zélande, Etats-Unis, Canada ... Aujourd'hui, 21 pays en sont officiellement. Avec des initiatives originales. Une année, la compagnie aérienne Qantas avait dessiné une moustache sur un cockpit, la marque "Monsieur Propre" avait fait pousser une moustache sur son site internet au fur et à mesure des dons.
Depuis le départ, plus de 700 millions de dollars américains ont été récoltés, pour soutenir plus de 1000 programmes autour de plusieurs pathologies chez l'homme. Y compris la dépression, un sujet majeur en Australie. L'objectif aujourd'hui - et le slogan, c'est de "changer le visage de la santé masculine". 19 ans plus tard, l'un de nos intrus de départ, Travis Garone est toujours au conseil d'administration.
Peut-être manque-t-il un Travis Garone ou un Luke Slattery en France ? Movember France existe depuis 2012. Mais à part quelques sportifs, notamment les rugbymen, ou encore Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste qui arbore la moustache, cela reste très confidentiel. Le mouvement est peu relayé par les autorités sanitaires. "Ça reste plus tabou chez les hommes que chez les femmes", reconnaissent les associations. D'où le caractère volontairement ludique de Movember qui avait germé, dès le départ, chez nos "intrus de l’actu" du jour.
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