"Casserolades" : qui est Vincent Flibustier, ce belge qui fait le buzz avec sa casserole électronique pour manifestants ?
Le président de la République et les différents ministres sont accueillis partout ces derniers jours par des casserolades, par endroits interdites. Ces évènements ont donné des idées à Vincent Flibustier qui compte 41.000 followers sur Twitter. Allez savoir pourquoi cette casserole électronique a fait un carton. Il suffit de télécharger la page sur son téléphone et quand on clique, les casseroles se mêlent aux sifflets.
"Ayant eu souvent la volonté de faire de l'ingérence belge dans la politique française, j'ai souhaité ajouter une nouvelle ingérence à mon palmarès, explique Vincent Flibustier. Je suis parti de de cette info que des casseroles auraient été interdites, en me disant :' on va permettre à tout un chacun d'avoir sa casserole dans sa poche'.
"J'ai utilisé chatGPT pour m'aider à développer le ''machin''. Notamment le mouvement de la cuillère sur la casserole c'est l'IA qui l'a codé à ma place. Il y a 1.5 million de casseroles qui ont été tapées mais je ne revendique pas ça comme un acte militant. Ce n'est pas avec des casseroles qu'on change le monde."
Vincent Flibustierà franceinfo
Dans un autre genre, il a aussi fait récemment : ChatCGT qui a fait un buzz encore plus énorme. C'est encore une intelligence artificielle. Vous posez une question et vous avez une réponse dans l’esprit d’un syndicaliste énervé. Donc si on demande : Qui est Nicolas Teillard (présentateur sur franceinfo) ? Vous avez comme réponse : "Nicolas Teillard est un homme d'affaires sans scrupules, un patron qui exploite sans relâche les travailleurs de son entreprise". Même question avec Emmanuel Macron. La réponse de CHatCGT est la suivante." Emmanuel Macron est un représentant de la classe dirigeante néolibérale. Il a été formé à l'école de la finance."
Des compétences en informatique apprises sur le tas
Vincent Flibustier revendique de faire de l'éducation à la désinformation auprès des jeunes ? Il a 32 ans. Il est né en Belgique, en Wallonie. Très connecté, coincé entre une maman conspirationniste qui diffuse toute sorte de fake news, y compris antisémites pendant le Covid, et une belle sœur qui, comme infirmière a très mal vécu toute la période Covid où son hôpital était surchargé de patients. Autodidacte, Vincent Flibustier a juste un bac et quelques compétences en informatique et marketing apprises sur le tas. En 2014, à 23 ans, il crée un site d’info parodique. "Pendant deux ans, j'en ai bien vécu financièrement, souligne Vincent Flibustier. Et en 2016, lorsque Donald Trump a été élu, le monde entier s'est réveillé en découvrant qu'il y avait de fausses infos qui circulaient sur internet. Cela a mis un peu en branle notre système. J'ai commencé à être appelé dans les écoles pour aller raconter comment on créait des fausses infos.
"On ne peut pas annihiler la désinformation, à part en coupant internet et en faisant un intranet. Le seul truc qu'on peut faire, c'est de limiter la diffusion. Si vous voyez un de vos amis partager une 'connerie", vous lui dites de supprimer afin de ne pas contaminer les autres."
Vincent Flibustierà franceinfo
Là où cela se complique c’est qu'il a parfois poussé le bouchon très loin. Il est vraiment sur une ligne de crête. Pour dénoncer les fake news, celles qu’il crée lui-même sont parfois très, très, très, limites. Cela lui vaut beaucoup de critiques, parfois même des plaintes. "Il y avait une info que j'avais écrite sur des maisons offertes à des migrants à Roubaix, c'était vraiment des trucs dans le but qu'un représentant de l'extrême droite le partage. C'est d'ailleurs arrivé, se défend-il. Le but était de dire aux gens : 'regardez ce que vos élus partagent'. Parfois le piège a pu me revenir dans la tronche ! Cet article-là sur les maisons à Roubaix a été repris par un conspirationniste d'extrême droite, Mike Borowski. Son article a fait deux millions de vues. J'ai un peu nourri cette sphère-là parce qu'il n'y a jamais eu de démenti et même s'il y en avait eu un, tout le monde s'en serait foutu. Mais c'est vrai que cette fois-là, j'aurais mieux fait de ne pas publier ce machin."
Ça c’est quand il était comme il dit "un jeune con de 23 ans". Aujourd’hui, il en a 32. Il a lui-même un enfant. Vincent Flibustier occupe 70% de son temps à intervenir dans les écoles, auprès des profs d’histoire, de français ou de citoyenneté. Et pour 30% de ses revenus, il fait de la communication dans le milieu de la culture. Tout en continuant à réagir, parfois dans la provoc, aux thèses complotistes. Le personnage est complexe, tout comme cette question des fake news sur internet. Donc, comme il le fait dans les lycées, on ne rappellera jamais assez l'importance, avant de partager, de bien regarder les sources de ce qu'on regarde, la date (très important), et stopper la diffusion quand ce n'est pas clair !
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