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De minuscules républiques ou principautés indépendantes, nombreuses en France

Tous les week-ends cet été, franceinfo vous emmène à la découverte de "La France secrète". Des anecdotes, des histoires cachées ou mystérieuses, des personnalités étonnantes qui ont marqué ou transformé un lieu.
Article rédigé par franceinfo - Philippe Gloaguen
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Temps de lecture : 3min
Dans le département du Haut-Doubs, à quelques petits kilomètres de la frontière Suisse, onze communes forment la République libre du Saugeais. Ici, le 5 octobre 1997, sa présidente, Madame Pourchet. (FRANCIS DEMANGE / GAMMA-RAPHO / GETTY IMAGES)

Aujourd’hui Philippe Gloaguen, directeur du Guide du routard, nous parle de ces minuscules républiques ou principautés indépendantes, que l'on trouve en nombre dans notre pays. Bien des Français ont voulu créer leur propre royaume, sur lequel il régnerait en maître. Certains en ont rêvé, d'autres l'ont réalisé. Déjà en 1818, trois ans après Waterloo, de vieux grognards avaient imaginé une petite enclave napoléonienne appelée "l'Etat Marengo". II faut avouer que cette modeste principauté a eu moins de succès que le sauté de veau Marengo.

Monaco et Andorre sont les principautés les plus célèbres. Leur fiscalité, fort avantageuse, prouve qu'il ne s'agit pas vraiment de territoires d'opérette. Essayez d'obtenir leur nationalité, vous verrez, c'est plus dur que de passer le bac.


D’autres territoires, bien plus modestes ont le mérite d'exister

Parlons un peu de la république du Saugeais, perdu dans le Haut-Doubs. Curieux cocktail que cette pseudo-république : une bonne rasade d'identité géographique et historique, deux doigts de folklore, et un zeste de gentille provocation. Eh oui, Le Saugeais possède même son hymne national, sa monnaie, son timbre, son drapeau, un Premier ministre, et quelques prestigieux citoyens d'honneur. Le premier fut Edgar Faure en 1974, alors président de I'Assemblée nationale.

Cette république dispose aussi de deux douaniers, mais d'aucune frontière. Un jour de 1947, le préfet y décèle une petite république libre, et nomme un hôtelier, président. À sa mort en 2005, c'est Georgette, sa fille, qui hérite du pouvoir. Elle souhaite passer la main, mais chaque année, l'élection est repoussée, faute de candidat. Avis à tous ceux qui se sentent une vocation politique.

Pas très loin, aux Rousses dans le Jura, l'hôtel Arbezie, dans le village de la Cure, présente une originalité : il a une façade de chaque côté de la frontière. Selon le numéro de votre chambre, vous dormirez soit en France, soit en Suisse, soit les deux ! Encore plus fort : en 1940, l'hôtel était situé exactement au point d'intersection de la Suisse neutre, de la zone libre et aussi de la zone occupée.  Des aviateurs britanniques furent évacués par ce couloir humanitaire. On aime ces folklores qui sauvent quand même des vies humaines. Les deux pays reconnaissent, en souriant, l'extra-territorialité de l'hôtel Arbezie.

La France possède d'autres principautés plus ou moins folkloriques, et non reconnues par l'Etat français, comme la principauté d’Aigues-Mortes, dans le Gard, ou Figuerolles, dans les Bouches-du-Rhône. Au total, il existe en France 134 communes libres, regroupées dans une association. Ce cadre est bien peu politique, mais a des visées surtout touristiques. De ce côté-là, le but est atteint. Bien souvent, la création d'une micro nation démarre souvent comme une blague. Mais très rapidement, le marketing touristique prend le relais. On ne peut pas vraiment leur en vouloir.

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