Espace : Les premiers résultats du télescope Euclid
Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon nous emmène dans l’espace, avec les premiers résultats du télescope européen Euclid, lancé l’été dernier. Il dévoile des galaxies, des amas de galaxies, et des planètes isolées, toutes seules dans l’espace, sans étoile.
franceinfo : Toutes ces données ont été publiées le 23 mai dernier ?
Mathilde Fontez : Oui, ce n’est que la première salve de résultats de ce télescope dont la mission doit durer 6 ans. C’est une grosse mission de l’agence spatiale européenne : 1,4 milliard d’euros, une collaboration de 2500 chercheurs et ingénieurs. Et son but principal, ce ne sont pas les planètes, mais il s'agit de mesurer la matière sombre de l’Univers, les 95% du contenu du cosmos, qui restent inconnus : on parle de matière noire, d’énergie sombre. On en voit les signes, sans en connaître la nature.
Mais c’est vrai que ce sont les planètes qui ressortent, dans cette première moisson de résultats scientifiques, publiés la semaine dernière : la découverte de planètes flottantes, dans le nuage d’Orion, une zone de formation d’étoiles, une pouponnière stellaire : là, le télescope a découvert 300.000 nouveaux objets, dont certains ne sont raccrochés à aucune étoile.
Des planètes sans Soleil ?
Oui, les astrophysiciens les appellent "planètes flottantes " ou "planètes vagabondes". Elles sont grosses, en tout cas celles qu’on voit, plus grosses que les géantes gazeuses de notre système solaire. Et elles ont 3 millions d’années : elles sont très jeunes – notre Terre est âgée de 4,5 milliards d’années.
Elles sont assez chaudes, et donc assez brillantes dans l’infrarouge, c’est pour ça que le télescope Euclid a pu les détecter. Et elles flottent dans l’espace, toutes seules.
On savait que ce type de planètes pouvait exister ?
Cela fait une dizaine d’années que les astrophysiciens commencent à les voir. On a d’abord cru à des cas particuliers, atypiques. Puis il y a deux ans, une équipe française en a découvert une centaine d’un coup, ce qui a commencé à donner la possibilité de faire des statistiques. Il y en aurait beaucoup. Elles seraient 2 à 3 millions à errer dans notre galaxie.
Ce qui pose la question de leur formation : normalement, les planètes naissent avec les étoiles, dans un nuage de poussière. Est-ce que ces planètes ont été éjectées de leur système planétaire ? Est-ce qu’elles sont nées d’un nouveau mécanisme, comme des étoiles ? Pour l’instant il n’y a pas de réponse. On peut juste essayer de se les imaginer : des planètes filant dans le noir, sur lesquelles il n’y a pas de matin, ni de soir, jamais de lumière…
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