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La plateforme française de calcul quantique est lancée

C’est la suite de l’annonce faite il y a un an par Emmanuel Macron, de consacrer 1,8 milliard d’euros, dont 1 milliard provenant de l’État, à la recherche sur l’ordinateur quantique. Ce nouveau type de calculateur, dont il n’existe encore que des ébauches, s’impose déjà comme une technologie stratégique. 

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'ordinateur quantique : des premières machines commencent à prendre forme. (Illustration) (OLEMEDIA / E+ / GETTY IMAGES)

Comme chaque week-end, Mathilde Fontez, rédactrice en chef d’Epsiloon décrypte pour franceinfo une nouvelle donnée scientifique. Aujourd'hui, le lancement de la plateforme de calcul quantique. 

franceinfo :
 Il y a quelques jours, la ministre de la Recherche, Frédérique Vidal, et la ministre des Armées, Florence Parly, ont lancé une plateforme de calcul quantique…  

Mathilde Fontez : C’est la première phase du plan d’investissement national annoncé il y a un an, par le président de la République, Emmanuel Macron. Un plan qui s’élève à 1,8 milliard d’euros, dont 1 milliard d’investissements de l’État, et qui vise à financer des recherches, des start-up, et des initiatives industrielles dans le domaine quantique.

La quantique, c’est la science de l’infiniment petit…  

C’est ça : c’est une théorie qui a été inventée dans les années 1920, et qui décrit les particules : les atomes, la lumière et leurs interactions. Mais ce qui est financé ici, ce n’est pas vraiment la recherche fondamentale. C’est la technologie.  

La quantique a déjà donné naissance à des technos qui nous sont familières aujourd’hui, le laser par exemple. Et en ce moment, elle est train d’accoucher d’une nouvelle machine, potentiellement révolutionnaire : un nouveau type d’ordinateur, un ordinateur quantique.

C’est ça en particulier que vise à financer ce plan, mais aussi des milliards d’investissement partout dans le monde : une nouvelle machine de calcul qui ne fonctionne pas comme les ordinateurs classiques.  

Cet ordinateur quantique sera plus performant ?    

Ça, il n’y a aucun doute. C’est de là que tout est parti dans les années 1990 : des théoriciens ont montré qu’un ordinateur qui exploite les propriétés spécifiques de l’infiniment petit, calcule beaucoup plus vite certains problèmes. Le gain peut même être exponentiel.  

Mais il faut avant tout que cet ordinateur existe. Qu’on parvienne à le fabriquer. C’est toute la difficulté : transformer ce concept théorique en réalité. Il y a eu des efforts continus depuis 30 ans. Mais depuis quelques années, les choses commencent à bouger. Les industriels ont commencé à financer des recherches sur le sujet : IBM, Microsoft, Google. 

Et des premières machines commencent à prendre forme. Alors, elles ne sont pas abouties. Ce sont des sortes de petits prototypes. Mais elles provoquent une effervescence. Parce que l’ordinateur quantique, s’il arrive, pourrait tout changer. En fait, c’est une technologie qui est jugée stratégique, d’où la présence de la ministre des Armées, Florence Parly, mardi pour le lancement de la plateforme française.  

Parce que cet ordinateur offrira une puissance de calcul inédite ?  

Oui, il permettra à ceux qui le détiennent de calculer plus vite. Et on imagine une foule d’applications : ça va de la recherche de nouveaux médicaments, de nouveaux matériaux, l’optimisation des procédés industriels.  

Mais surtout, cet ordinateur sera capable de casser d’un coup les cryptages qui sécurisent nos communications sur Internet. Par exemple, quand on s’authentifie pour payer en ligne. Là, on parle d’une "menace" pour la sécurité nationale. C’est le terme que la ministre des Armées a utilisé.  

Les spécialistes en cryptographie du monde entier sont d’ailleurs déjà en train de se préparer à affronter ça, en travaillant de nouvelles méthodes de chiffrage qui résistent à l’ordinateur quantique. On appelle ça la cryptographie post-quantique !   

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