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Le billet sciences du week-end. La fusion nucléaire devient possible

Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique "Epsiloon" évoque aujourd'hui un exploit technique qui s'est produit cette semaine au MIT, Le Massachusetts Institute of Technology, aux États-Unis : un nouveau type d'aimant qui a atteint une intensité record, un exploit qui peut rendre possible la fusion nucléaire. 

Article rédigé par franceinfo, Jules de Kiss - Mathilde Fontez
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
8 septembre 2021. Avec cet aimant géant, les chercheurs du MIT, aux États-Unis, ont réussi à produire un champ magnétique de 20 Tesla. C’est un million de fois le champ magnétique de la Terre. Un record mondial selon le MIT et une étape clé pour la fusion nucléaire. (GRETCHEN ERTL / CFS/MIT - PFSC 2021)

Le MIT, Massachusetts Institute of Technology, outre-Atlantique, vient de réaliser un exploit technique cette semaine. Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine Epsiloon, nous explique que ce record des chercheurs américains ouvre de nouvelles perspectives en matière de production d'énergie.

franceinfo : Cet exploit technique Mathilde Fontez, c'est un aimant qui a atteint une intensité record, et qui ouvre la voie à la fusion nucléaire ? 

Mathilde Fontez : L’exploit a eu lieu au MIT, aux États-Unis, il y a quelques jours. C’est d’abord un record un peu basique : grâce à un nouveau type d’aimant développé ces dernières années, les chercheurs ont réussi à produire un champ magnétique de 20 Tesla. Alors 20 Tesla, ça n’évoque rien… Mais c’est énorme. C’est un million de fois le champ magnétique de la Terre. Et c’est surtout le champ le plus intense jamais produit avec un aimant, d’après les chercheurs du MIT. Voilà pour le record. 

Mais ce champ magnétique n’a pas été produit pour la beauté du geste… 

Évidemment non. L’objectif ici, c’est de révolutionner totalement la production d’énergie en rendant enfin possible la fusion nucléaire. Alors la fusion c’est une vieille lune. Cela fait des dizaines d’années que partout dans le monde, des projets essayent de réaliser cette réaction. 

Le plus gros est le projet ITER, un projet international à 20 milliards d’euros actuellement en construction dans le sud de la France. Il faut dire que sur le papier, c’est une merveille : une réaction au moins un million de fois plus énergétique que la combustion du charbon ou du pétrole ; qui ne produit pas de gaz à effet de serre ; qui ne présente pas de risque d’emballement, comme la fission de nos centrales actuelles ; et qui repose sur un combustible très abondant sur Terre, le deutérium, un isotope de l’hydrogène. 

Et le principe de cette technologie est simple : forcer ces atomes à fusionner afin qu’ils produisent des neutrons très énergétiques, qui pourraient chauffer ensuite de l’eau, entraîner des turbines, et produire de l’électricité, comme dans une centrale classique. 

Simple sur le papier… 

C’est ça. En pratique, c’est épouvantable. Toute la difficulté, c’est le point de départ : forcer ces atomes à fusionner. Pour cela il faut les chauffer à des températures démentes : plus de 100 millions de degrés – c’est plus que la température au cœur du Soleil. Ce qui crée un plasma, une sorte de gaz électrisé très difficile à contrôler. 

Et c’est là qu’interviennent les aimants et les champs magnétiques, pour le contenir, le concentrer. C’est l’une des clés pour réussir à maîtriser cette source d’énergie. Et c’est cette clé que les chercheurs du MIT, et de la start-up Commonwealth Fusion Systems, viennent de trouver avec leur nouvel aimant. 

Ils vont construire un prototype de centrale à fusion ? 

C’est le projet. Ils annoncent un démonstrateur en 2025. Puis un premier test de centrale électrique à fusion en 2033. Alors, il faut rester prudent : ce n’est pas la première fois que des dates comme celles-ci sont annoncées. Et jusque-là, la fusion n’a jamais allumé une ampoule… Des plasmas ont déjà été produits, mais ils ont toujours consommé plus d’énergie qu’ils n’en ont produit. Mais aujourd’hui, on sent bel et bien une excitation, une fébrilité dans la communauté des spécialistes. C’est peut-être le grand moment. Celui où la fusion nucléaire va enfin devenir réelle. 

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