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Le billet sciences du week-end. Les premiers vols habités : pas si bêtes !

Le 12 avril 1961, le cosmonaute Youri Gagarine devenait le premier humain placé en orbite autour de la Terre. Un exploit qui marquait le début de la conquête spatiale pour l’homme. 

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le héros soviétique numéro 1, le major Youri Gagarin, le premier homme au monde à être allé dans l'espace. Une image célèbre tirée d'un documentaire, exposée au 2e festival international du film de Moscou en juillet 1961. (BETTMANN ARCHIVE / GETTY IMAGES)

Il y a exactement 60 ans, le 12 avril 1961, le cosmonaute Youri Gagarine devenait le premier humain placé en orbite autour de la Terre. C'était le début de la conquête spatiale pour l'homme.

Les premiers êtres vivants dans l’espace ont été des animaux

Aventure humaine nous questionnant sur nos origines, notre destin et notre place dans l’univers, l’idée de la conquête spatiale a toujours fasciné l’humanité. En 125 après J.-C., l’auteur syrien Lucien de Samosate imaginait déjà le voyage d’Ulysse sur la Lune.   

Avant les humains, il y a donc d’abord eu des animaux dans l’air et l’espace. En 1783, décollait une montgolfière depuis Versailles, en présence de Louis XVI, avec à son bord, un coq, un canard et un mouton. 180 ans plus tard, le 3 novembre 1957, l’Union soviétique réussit le premier vol spatial habité par une chienne baptisée Laïka ! Elle est envoyée en orbite terrestre, sans aucun moyen de retour sur Terre, sacrifiée en quelque sorte.

Laïka, le premier animal cosmonaute, a été envoyée en orbite autour de la Terre le 3 novembre 1957 à bord de Spoutnik 2. La chienne est morte 7 heures après le lancement de la capsule.  (FINE ART IMAGES / HERITAGE IMAGES / GETTY IMAGES)

Laïka meurt finalement sept heures après le lancement de sa capsule. En cause : une défaillance du système de régulation de température. En 1961, Laïka sera suivie par le chimpanzé américain Ham, revenu sur Terre, lui, en pleine forme.

Ham, le chimpanzé, avait des commandes. Quand il réussissait, il avait une récompense pour manger ou pour boire, un peu comme les humains d’ailleurs !  

Jean-François Clervoy, spationaute à l'ASE, président de Novespace

Ham, le premier chimpanzé envoyé dans l'espace, le 31 janvier 1961, quelques mois avant le vol de Gagarine. Ham, ici de retour sain et sauf après son vol historique dans le cadre de la mission Mercury-Redstone 2. (BETTMANN ARCHIVE / GETTY IMAGES)

Les programmes spatiaux français ne sont pas en reste. Ils ont embarqué la chatte Félicette, ou encore la guenon Martine à bord de la fusée Véronique. Les scientifiques français adorent les prénoms féminins lorsqu’il s’agit d‘expérimenter.

Des animaux surprenants

Depuis, on continue d’envoyer des animaux dans l’espace : des poissons qui, désorientés, nagent en looping, des araignées, qui tissent une toile désordonnée ou des mouches, qui préfèrent marcher sur les murs que de voler. Au bout de quelques jours toutefois, la plupart finissent par s’adapter.

Parmi les expériences menées par les astronautes, certaines touchent à la résistance dans l’espace. Le champion s’est révélé être un petit arthropode de quelques dixièmes de millimètres, le tardigrade. "Quand on place le tardigrade dans le vide spatial, son corps varie en température de -200°C à +150°C. Quand on les ramène sous pression et en environnement humide, ils se remettent à manger et à se reproduire" précise Jean-François Clervoy.   

L’an dernier, une sonde israélienne s’écrasait sur la Lune avec, à son bord, un millier de tardigrades en cryptobiose, un état de pause métabolique leur permettant de survivre dans des conditions extrêmes. Si elles trouvent des conditions favorables, comme de l’eau, elles pourraient se réveiller, même après des dizaines d’années. Peut-être une première colonie animale sur Mars, donc.  

Image d'un homme marchant sur la surface de la Lune avec son chien. (Image de la NASA) (GREMLIN / E+ / GETTY IMAGES)

La prévision des réactions du corps humain  

L’objectif des vols animaux dans l’espace est aussi l’étude de leurs réactions métaboliques et biologiques. Les scientifiques tentent ainsi de prévoir les effets du vide spatial et des rayons cosmiques sur le corps humain.

Aussi bien lors de mon premier vol avec des rats, que lors de mon deuxième vol avec des têtards, le vol a permis d’étudier le développement de l’oreille interne de ces animaux, ce qui nous permet, les yeux fermés, de garder l’équilibre, d’avoir une perception du mouvement. 

Jean-François Clervoy, spationaute

En 2015, la Nasa a envoyé 20 souris dans la station spatiale internationale pour étudier l’atrophie des muscles et la perte osseuse en séjours de longue durée, une inquiétude centrale pour les astronautes.  

Des études sur la fécondation  

Si, comme Elon Musk, nous souhaitons coloniser d’autres planètes, il faudra se reproduire. De nombreuses expériences ont donc tenté de comprendre les effets de l’apesanteur sur la fécondation.

En 1996, l’expérience “Fertile”, à bord de la Station orbitale Mir a montré les retards et anomalies de développement de l’embryon dans l’espace. Quant à l’accouplement humain, c’est encore un sujet tabou. Des rumeurs disent qu'en 1982, il y aurait eu un rapport entre spationautes, entre deux membres d'un équipage d'une mission spatiale.

La vie hors de notre planète passera donc par le vivant, animal ou végétal, en recréant un système biodiversifié.

"Vive les animaux et vive les humains dans l’espace, avec toutes les plantes qui vont leur permettre de développer une biodiversité dans un très lointain futur, lorsqu'on sera capable de coloniser d’autres corps célestes, mais ce n’est pas pour aujourd’hui", précise Jean-François Clervoy.



En attendant, le spationaute français Thomas Pesquet devrait à son tour retrouver la station spatiale internationale dans quelques jours. Départ prévu le 22 avril.

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