Le billet sciences du week-end. L’hydrogène, la plus petite molécule pour de grands espoirs ?
Cette semaine, la fondation Energy Observer organise une exposition à Paris pour informer sur les espoirs suscités par cette énergie de l'avenir.
Depuis son ouverture en 1889, la Tour Eiffel est devenue le symbole du patrimoine français dans le monde entier. Mais dès l’élaboration du projet, la Tour est aussi conçue comme une ode à l’électricité, qui arrive dans les foyers au début du XXe siècle.
Si l’électricité est inscrite dans son ADN, la Dame de Fer évolue aussi avec son temps. Mardi 25 mai, elle s’est donc éclairée à l’hydrogène, le temps d’une soirée.
À l’origine de cette initiative se trouve la fondation Energy Observer. En 2017, elle avait déjà mis à l’eau un bateau qui réalise actuellement le tour du monde grâce à une alimentation en énergies alternatives, et notamment à l’hydrogène.
Il y a un mix énergétique de production à partir des énergies renouvelables, de l’éolien, de l’hydrolien, du photovoltaïque. On a aussi l’hydrogène, que l’on produit à partir de l’électrolyse de l’eau de mer. À travers notre pile à combustible, on est en mesure de produire de l’électricité et de la chaleur.
Victorien Erussart, président de la fondation Energy Observer
Pour promouvoir le potentiel énergétique de l’hydrogène, la fondation Energy Observer organise une exposition sur le Champ de Mars à Paris ce week-end. Elle y expose divers véhicules alimentés par cette source d’énergie, tels que des camions, des voitures, des vélos, et même un groupe électro-hydrogène. C’est ce dernier qui, mardi dernier, a permis d’éclairer la Tour Eiffel. Le tout en silence, sans pollution, ni nuisance. L’hydrogène semble donc regrouper de nombreux avantages énergétiques, et notamment une chaleur et une électricité à la demande.
Le problème majeur de l’électricité, c’est qu’on ne peut pas la stocker. Mais on peut gérer cette intermittence en stockant cet hydrogène.
Matthieu Giard, vice-président d’Air Liquide
Contrairement à d’autres solutions d’énergies renouvelables, l’hydrogène permet donc de continuer à produire, même lorsqu’il n’y a ni vent, ni soleil. Les solutions de stockage en sont aussi facilitées.
Des investissements conséquents
L’hydrogène est une énergie de l’avenir qui demande beaucoup d’investissements en recherche et développement. “On veut tripler notre activité dans l’hydrogène d’ici 2035, en investissant 8 milliards d’euros. On va utiliser de l’électrolyse pour produire un hydrogène qui soit complètement décarboné, à base d’énergies renouvelables", explique Matthieu Giard.
L’hydrogène passe donc sur le devant de la scène dans les stratégies des producteurs d’énergie pour les années à venir. Et cela se traduit aussi en termes de création d’emplois.
L’hydrogène va représenter à peu près 18% de la production d’énergie mondiale d’ici 2050. Cela va s’accompagner de créations d’emplois, à hauteur de plus de 30 millions dans le monde.
Matthieu Giard
De l’hydrogène vert ?
Seulement voilà, pour certains groupes écologistes, l’hydrogène est actuellement issu à 95% d’énergies fossiles et représenterait une émission de 9 millions de tonnes de CO2 par an.
Par ailleurs, pour fabriquer un hydrogène vert, il est nécessaire d’utiliser le processus d’électrolyse de l’eau, particulièrement énergivore.
Dans un monde où l’on recherche toujours plus de rapidité, le navigateur Victorien Erussard a fait l’expérience d’un retour à la sobriété. “Avant, en tant que coureur au large, j’allais extrêmement vite pour traverser l’Atlantique. Sur l’Energy Observer, j’étais frustré de la vitesse du bateau, très lent. Finalement, c’est un peu l’image vers laquelle on doit se diriger", souligne Victorien Erussard. Une frugalité qui donne de l'énergie en somme !
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