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Le virus du Covid-19 se serait bien transmis à l’humain, au marché de Wuhan

L'origine du Covid-19, un sujet qui intéresse tout le monde. On se replonge aujourd'hui avec Mathilde Fontez au début de la pandémie avec trois études très convaincantes qui prouveraient que ce sont bien des animaux du marché de Wuhan en Chine qui auraient infecté l'homme. 

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
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L'origine du virus du Covid-19 traquée par les chercheurs. Le marché de Wuhan en Chine semble être une piste convaincante. (Illustration) (OSAKAWAYNE STUDIOS / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon dans Le billet sciences du weekend nous explique aujourd'hui que le virus du Covid-19, qui bouleverse la planète depuis plus de deux ans, aurait bien été transmis de l'animal à l'homme en Chine, dans le marché de fruits de mer et d'autres animaux vivants de Huanan, situé dans le district de Jianghan de la ville de Wuhan, dans la province du Hubei.

franceinfo : Trois études viennent d’être publiées qui tendent à montrer que le virus du Covid aurait bien été transmis à l’homme dans ce fameux marché de Wuhan en Chine, en décembre 2019 ? 

Mathilde Fontez : Oui, c’est un vrai pas de franchi dans la quête que mènent les spécialistes depuis le début de la pandémie. D’où vient le virus au départ ? On a tout de suite soupçonné ce marché de Huanan où sont vendus des animaux vivants – les premiers cas avaient été détectés à proximité. Mais jusque-là, il avait été impossible de le prouver rigoureusement.

Même le gros rapport publié par l’Organisation mondiale de la santé, en mars 2021, échouait à conclure, même s’il se focalisait déjà sur ce marché. Les autres hypothèses restaient possibles, comme celle du virus qui se serait échappé d’un laboratoire, volontairement ou pas.   

Et ces trois nouvelles études donnent le fin mot de l’histoire ?

Pas complètement malheureusement. Il reste un doute. D’autant qu’il s’agit encore de prépublications, c’est-à-dire d’études qui n’ont pas été revues par les autres experts. Il faut donc prendre des précautions. Mais elles sont déjà jugées très convaincantes.

La première émane d’une équipe chinoise qui a repris les échantillons qui étaient revenus positifs au Covid-19 de l’étude de l’OMS : 1000 échantillons prélevés dans des cages, sur des étals du marché. Les chercheurs ont séquencé le matériel génétique et ils ont trouvé une séquence quasi-identique à celle qui a circulé chez l’homme.

Précisément deux séquences, deux variants A et B, qui étaient ceux des premiers cas. Cette étude a été mise en ligne le 25 février. Et aussitôt, une équipe internationale a publié ses propres résultats, sur lesquels elle travaillait depuis des semaines, et qui vont dans le même sens.   

Il s’agit aussi d’analyses génétiques ?

Pas seulement. L’équipe a surtout procédé à une sorte d’enquête environnementale. Ils sont partis aussi des échantillons du rapport de l’OMS, et ils ont essayé de les tracer, dans le temps et dans l’espace. Ils ont rassemblé des articles de journaux, des prises de vues de caméras, des photos, des enregistrements de patients, de médecins.

Et ce qu’ils trouvent, c’est que 156 cas survenus en décembre 2019 se regroupaient autour du marché. Et pour ce qui est des échantillons prélevés dans les cages et sur les étals, ils en ont trouvé 5 qui proviennent précisément du même stand : en particulier d’un chariot qui servait à transporter les animaux.   

Ce seraient donc bien des animaux du marché qui auraient infecté l’homme ?

C’est l’interprétation que font les chercheurs. Et c’est là que ça devient difficile d’être absolument sûr. On peut toujours imaginer qu’une personne infectée par le Covid ait contaminé d’un coup beaucoup de gens, au marché. Mais tout de même, l’étau se resserre sur les animaux.

À tel point que Michael Worobey, le virologue américain qui a mené l’étude internationale, a déclaré avoir changé de point de vue. Il faisait partie des chercheurs qui avaient signé, en mai 2021, une lettre qui exhortait la communauté scientifique à garder l’esprit ouvert à toutes les hypothèses – y compris celle du laboratoire.   

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