Les plantes légumineuses pour sauver les rendements, ça marche !
Cela fait longtemps que c’est en pratique : utiliser la culture des légumineuses pour enrichir les sols en azote, et ainsi éviter d’utiliser trop d’engrais. Une étude internationale à grande échelle réalisée dans 53 pays donne aujourd’hui des résultats très encourageants.
La culture des légumineuses, ça marche vraiment, partout dans le monde, quelque soit la culture : les rendements sont améliorés de 20% en moyenne. 48% en Afrique. Les précisions de Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine Epsiloon.
franceinfo : Une étude internationale démontre aujourd’hui l’efficacité pour booster les rendements d’un type de culture, la culture des plantes légumineuses, les haricots et les pois ?
Mathilde Fontez : Les haricots, les pois, mais aussi les lentilles, le trèfle, la luzerne, les fèves. Cette catégorie de plantes a un pouvoir particulier, qu’on connaît depuis longtemps, même si les biologistes n’ont pas encore réussi à percer totalement ses mystères : elles stockent l’azote de l’air, pour le déposer dans le sol, via leurs racines. Ce sont donc des fertilisants pour les sols puisque l’azote, c’est ce qui est consommé par la plupart des cultures. En gros, les légumineuses, c’est un engrais naturel.
D’où l’idée de les cultiver pour rétablir le taux d’azote dans les sols ?
C’est l’idée oui. Et elle est déjà largement mise en pratique : la rotation des cultures avec des légumineuses est reconnue pour être une stratégie clé pour l’agriculture durable, ou des cultures bio. On plante des fèves, pour mieux faire pousser le maïs, ou le blé ensuite.
Mais là, une étude démontre pour la première fois l’efficacité de la technique à grande échelle. Les chercheurs, une équipe internationale, ont rassemblé les études de terrain dans 53 pays. Ils ont cumulé 12000 observations de rendement, près de 500 expérimentations, entre 1959 et 2020. Et ce qu’ils trouvent, c’est que le gain en rendement est tout à fait remarquable : Les légumineuses augmentent les récoltes, à surface constante, de 20% en moyenne.
Donc, ça marche ?
Ça marche oui. Partout. Pour toutes les cultures, que ce soit le maïs, le riz, le blé, la betterave. Et les chercheurs détaillent les variations. Par exemple, l’augmentation de rendement est moins forte sur les sols où l’on utilise des engrais chimiques, des engrais azotés. C’était attendu : quand le sol est enrichi en azote, forcément, l’apport des légumineuses, en proportion, est moins grand.
Mais leur utilisation est tout de même bénéfique au rendement. Et ça c’est une surprise : pour les chercheurs, c'est sans doute l'effet de la rotation des cultures sur l’écosystème du champ : les légumineuses rompent les cycles de maladie, ils empêchent les ravageurs et les pathogènes de proliférer. Et sur les sols qui sont à faible rendement : les sols cultivés en bio, ou les sols d’Afrique, là, la hausse est impressionnante. Elle atteint 43% en Afrique.
Dans leur conclusion, les chercheurs disent carrément que "les rotations à base de légumineuses offrent une voie essentielle pour améliorer la production agricole mondiale". Même si ça peut dans un premier temps réduire la superficie de la culture principale, les gains en rendement compensent rapidement cette perte. Une vraie solution durable donc…
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