On a détecté un courant électrique planétaire

Vincent Nouyrigat, rédacteur en chef au magazine "Epsiloon" revient sur la découverte faite par des scientifiques de la Nasa : ils ont détecté en haute altitude un champ électrique.
Article rédigé par franceinfo - Vincent Nouyrigat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Depuis plus d'un demi-siècle, les chercheurs avaient  des soupçons sur ce champ électrique global enfin mesuré au-delà de 250 km d'altitude. (NASA'S GODDARD SPACE FLIGHT CENTER)

Cette découverte d'un champ électrique de haute altitude est un phénomène qui n’avait encore jamais été observé. Et cela peut paraître étonnant, en 2024, de découvrir un tel phénomène d’ampleur planétaire, passé jusque-là inaperçu. L’annonce vient d'être rendue publique par la Nasa, mais l’exploit remonte à 2 ans, quand une fusée équipée de capteurs très sensibles a décollé de l’archipel de Svalbard, au-delà du cercle arctique.

La mission a relevé des mesures entre 250 et 770 kilomètres d’altitude, au cœur des plus hautes couches de l’atmosphère. Elle a pu y déceler un tout petit champ électrique, vraiment infime, de l’ordre de 0,5 volt, à peine la tension délivrée par la pile d’une montre. À la fois ce n'est rien et c’est une énorme découverte.

Pas vraiment une surprise

Voilà plus de 60 ans que les chercheurs avaient des soupçons sur l'existence d'un tel champ. Dès les débuts de l’ère spatiale, les premiers satellites avaient enregistré au niveau des pôles un étrange flux de particules qui s’échappaient vers l’espace à des vitesses supersoniques. On imaginait alors, déjà, un champ électrique à l’œuvre pour expliquer ce "vent polaire", mais personne n’avait réussi à le mesurer.

La mesure qui vient d’être réalisée concorde parfaitement avec toutes les observations passées. Son intensité permet d’expliquer, au niveau des pôles, des flux d’ions hydrogène sur lesquelles elle exerce une force 10 fois supérieure à la gravité terrestre. De quoi expliquer l’expansion et la cohésion de l’ionosphère – cette épaisse zone de l’atmosphère tiraillée entre des électrons qui tentent de s’échapper vers l’espace, et des ions lourds qui sont attirés vers le sol. Bref, tout s’explique.

Un petit courant électrique pour un grand rôle

On pourrait croire la découverte anecdotique, or les chercheurs qualifient ce champ électrique d’acteur majeur de notre atmosphère, au même titre que la gravité et le champ magnétique terrestre – celui qui sert de bouclier et nous protège du vent solaire. Un acteur majeur pourtant jusqu’ici méconnu.

Grâce à cette mesure, les scientifiques vont pouvoir mieux apprécier le rôle joué par ce champ électrique dans le fonctionnement et l’histoire de la Terre – et pourquoi pas de Mars ou Vénus. En fait, le destin d’une planète se joue peut-être sur un courant minuscule de 0,5 volt.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.