On pourrait dévier un astéroïde menaçant… avec une bombe nucléaire

Une explosion nucléaire pourrait permettre de dévier un astéroïde : des chercheurs ont réalisé en laboratoire une simulation convaincante, et ça pourrait devenir une option crédible.
Article rédigé par franceinfo - Vincent Nouyrigat
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
Le 26 septembre 2022, DART a percuté le petit satellite astéroïde Dimorphos, un petit corps de seulement 160 mètres de diamètre. Il orbite autour d'un astéroïde plus grand de 780 mètres appelé Didymos. (NASA)

Vincent Nouyrigat, rédacteur en chef du magazine Epsiloon nous parle aujourd'hui des recherches de physiciens américains viennent de proposer une solution franchement radicale pour empêcher un astéroïde de s’écraser sur la Terre: une explosion nucléaire… 

franceinfo : Une explosion nucléaire, ça paraît un peu fou comme solution ? 

Vincent Nouyrigat : Vous vous souvenez peut-être du blockbuster hollywoodien, Armageddon. Bruce Willis était chargé de percer héroïquement un trou sur un astéroïde, pour y insérer une bombe H, afin de faire voler en éclats le bolide hypermenaçant.  

Bon, cette fois-ci, l’idée est plus sérieuse : les chercheurs des laboratoires de Sandia – laboratoire chargé de développer les armes nucléaires américaines – n’envisagent pas de percer de puits, mais plutôt de déclencher une explosion atomique à côté de l’astéroïde. 

L’idée, c’est que la bouffée de chaleur et de rayons X émis par la détonation devrait vaporiser une partie du corps céleste, et cette éjection de matière – comme un moteur de fusée ! – va propulser l’astéroïde dans une autre direction.

Comment peuvent-ils être si sûrs que ça marcherait ?  

Bien sûr, un test grandeur nature n’est pas du tout envisageable, alors ils ont testé cette technique au sein d’une machine assez spéciale installée au Nouveau-Mexique, la machine Z. C’est un générateur de rayons X pulsés, super-puissants.  

Ils y ont inséré un petit fragment de quartz et de silicium, une sorte d’astéroïde miniature. Ils lui ont infligé pendant un très bref instant, 6 nanosecondes, un énorme flux d’énergie – l’équivalent de la puissance de 3 réacteurs nucléaires au cm2, et un million de fois la pression atmosphérique.  

Et ça marche, la particule est déviée, propulsée à plus de 250 km/h sur le côté, et virtuellement la Terre pourrait être sauvée.  


Mais d’autres techniques de déviation existent déjà, non ?  

C’est vrai, il y a deux ans, la NASA avait réalisé une première déviation, la mission DART. Une sonde de 580 kg avait été écrasée volontairement à 22 000 km/h sur un petit astéroïde Dimorphos, 150 mètres de diamètre. Le vaisseau européen Hera, doit décoller d’ailleurs le 8 octobre, pour aller étudier les conséquences de la collision.  

Cette méthode d’impact cinétique est privilégiée aujourd’hui, mais elle doit être pratiquée plusieurs années voire des dizaines d’années à l’avance, et elle ne peut fonctionner que sur des astéroïdes de taille modeste.  

La méthode de défense planétaire à base d’explosion nucléaire pourrait, elle, fonctionner avec des délais nettement plus courts, et sur des objets plus gros – des astéroïdes de l’ordre de 4km de diamètre, d’après les derniers calculs. Cela pourrait donc être notre procédure d’urgence : déclencher l’apocalypse dans l’espace, pour éviter l’apocalypse sur Terre. 

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