Plus on dort mal, plus on croit aux phénomènes paranormaux
Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine Epsiloon, évoque une étude britannique qui montre que plus on dort mal, plus on croit aux phénomènes paranormaux…
franceinfo : De quoi s'agit-il ? Expliquez-nous ?
Hervé Poirier : Croyez-vous en l'existence des fantômes ? Et des démons ? Croyez-vous que des extraterrestres ont déjà visité la Terre ? Que vous avez une âme qui vivra après votre propre mort ? Une équipe de psychologues britanniques a posé ces questions à 8 853 volontaires. Ils leur ont demandé en parallèle de juger de la qualité de leur nuit, à travers un questionnaire très détaillé, fondé sur la classification internationale des troubles du sommeil.
Et les résultats de l’analyse statistique sont nets : croire à des phénomènes paranormaux est très nettement corrélé à la qualité des nuits. En particulier, la croyance d'une vie après la mort est associée à la paralysie du sommeil – cette expérience de se trouver dans l'incapacité d'effectuer tout mouvement quand on s’endort, ou qu’on s’éveille. Et les visites d’extraterrestres, au syndrome de la tête qui explose – un bruit fort, parfois avec un flash de lumière, quand on s’endort.
Comment interpréter cela ? Est-ce que l’on y croit parce que l’on dort mal ? Ou est-ce que l’on dort mal parce que l’on y croit ?
Très bonne question, que l’étude ne permet pas de trancher. Cela va dans les deux sens. Il est ainsi plausible que croire aux démons n’aide pas à s’endormir paisiblement. Et l’étude montre que, si la croyance en la vie après la mort augmente avec le manque de sommeil, les plus convaincus, eux, dorment très bien – les chercheurs pressentent ici un caractère apaisant de la foi.
Mais, globalement, le fait que des croyances aussi variées soient toutes reliés à des troubles du sommeil indiquent plutôt que ce sont les mauvaises nuits qui provoquent la croyance dans le paranormal, et non l’inverse. Ce qui va dans le sens des études neurologiques qui ont été menées depuis une vingtaine d’années.
Lesquelles ont montré par exemple que le dérèglement du lobe frontal peut provoquer des hallucinations, ou le sentiment d’être possédé, celui du système limbique des expériences de mort imminente, d’enlèvement par les extraterrestres ou de précognition, celui de la jonction temporo-pariétale des apparitions de fantômes et des sorties du corps. Cette nouvelle étude montre l’importance du sommeil dans le bon fonctionnement de toutes ces structures.
Avec l’idée donc que la croyance dans le paranormal résulte in fine d’un dérèglement du cerveau ?
C'est la thèse principale de l'ensemble des neurologues qui travaillent scientifiquement sur le paranormal.
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