Quand le fonctionnement de la trompe du moustique inspire les fabricants de seringues
Tous les week-ends de l’été, "Le billet sciences" part à la découverte des solutions apportées par le vivant pour nous aider à résoudre nos problèmes scientifiques, médicaux, techniques… C'est ce qu'on appelle le biomimétisme ou bio inspiration.
Le biomimétisme aujourd'hui au service des patients qui ont peur des seringues et des piqûres.
franceinfo : quand la nature nous apprend comment les moustiques arrivent à nous piquer sans qu'on s'en aperçoive, Solenne ?
Solenne Le Hen : Cela vous est forcément arrivé, sur le moment, vous n'avez rien senti, mais quelques minutes, quelques heures après, ça vous démange. Et là vous découvrez que vous avez des boutons, tout votre corps a servi de repas à des moustiques.
Comment ne vous êtes-vous pas rendu compte que vous vous faisiez piquer ? C'est là que le moustique est fort, ou très fourbe, c'est selon, il pique discrètement, sans faire mal. Ça lui permet de prendre tranquillement votre sang, sans se presser. Alors, des chercheurs américains de l'Ohio ont observé le fonctionnement de la trompe du moustique. En fait, elle est constituée de deux canaux parallèles, ils sont suffisamment robustes et flexibles pour percer la peau, et suffisamment longs pour parvenir jusqu'à la veine ou l'artère.
Sur ces deux canaux, l'un vous envoie de la salive pour bloquer la coagulation et pour engourdir votre peau, c'est cette salive qui provoque ensuite le bouton, la démangeaison, tandis que l'autre canal aspire le sang.
Ce produit engourdissant, c'est cela qui permet de ne pas avoir mal ?
Oui, et également la forme de la trompe. D'abord, elle est dentelée, comme une scie, donc avec des petits points de contact, et parce que le bout de ces canaux, l'extrêmité qui va entrer en premier en contact avec la peau, est très fin, bien plus fin que le reste de la trompe, environ 1 micron de diamètre seulement. Le diamètre n'est donc pas le même partout, l'aiguille est conique.
Et c'est ce qui inspire depuis une vingtaine d'années les fabricants de seringues. Très utile pour les bélonéphobes, c'est-à-dire les personnes qui ont peur des aiguilles, et puis pratique aussi, pour des malades qui doivent recevoir des piqûres régulièrement, je pense aux diabétiques par exemple.
Aujourd'hui des entreprises japonaises commercialisent des seringues miniatures...
Des seringues miniatures pour injecter de l'insuline. Ces seringues imitent la trompe du moustique, avec cette forme non plus cylindrique des seringues classiques, mais conique. L'extrêmité de la seringue Nanopass mesure ainsi 0,22mm de diamètre, soit 220 microns.
Pour vous donner une idée, c'est le diamètre d'un gros cheveu, un crin de cheval par exemple. Ces micro-seringues coûtent un peu plus cher à fabriquer, mais l'avantage, c'est que la douleur est quasi-inexistante. Tout ça, ça fait au moins une raison pour remercier les moustiques !
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