Antarctique : un immense paysage situé deux kilomètres sous la glace était indétectable par les satellites
C'est une découverte fascinante, un peu comme si on avait soulevé le couvercle de la calotte glaciaire du pôle Sud pour regarder ce qui se passe en dessous, et là s'étend ce qui fut une vaste zone de collines, et de vallées verdoyantes cachées depuis des millions d’années. Le paysage devait ressembler à ceux du nord du Pays de Galles, selon l’auteur britannique de l'étude publiée mardi 24 octobre dans Nature communications.
Cette zone de 32 000 km2, plus grande que la Belgique, abritait sans doute des forêts et des animaux. Selon l'équipe anglaise de l'université de Durham qui a fait cette découverte, ce paysage s’est retrouvé figé dans la glace, il y a 34 millions d’années lorsque l’Antarctique a commencé à geler.
Atteindre le sol sous la glace
Les scientifiques ont dû deviner ce paysage sous la glace et en faire reconstruction virtuelle, car sur les images satellites, on ne voit que des petites ondulations sur la surface blanche de l'Antarctique. Ce décor de collines reste complètement caché, sous deux kilomètres de glace. Mais les scientifiques ont pu "voir" ce paysage grâce à des radars embarqués dans des avions. Ils ont envoyé des ondes radio en direction de l'Antarctique, des ondes qui ont traversé la glace jusqu’à atteindre un support plus solide - le sol - ce qui a permis de renvoyer un écho vers l'avion. Et en analysant ces différents échos radars, les chercheurs ont pu faire apparaître virtuellement l'image de ce paysage vallonné, sous la partie ouest de l’Antarctique.
Sur le plan scientifique, la découverte de ce décor caché fait avancer les connaissances géologiques fondamentales, car le relief situé sous l’Antarctique "est moins bien connu que la surface de Mars", expliquent les auteurs de ces travaux. Par ailleurs, connaître ce relief caché peut aussi aider à anticiper la façon dont la glace pourrait réagir et s’écouler à l'avenir, dans le contexte du réchauffement climatique.
Rappelons qu'en début de semaine, une autre étude publiée le lundi 23 octobre alertait sur le risque d'accélération de la fonte de l'antarctique ouest, juste à côté, et ce, quel que soit le scénario de réchauffement, même le plus optimiste, qui respecterait l'accord de Paris.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.