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Biotextile : et si les vêtements des enfants grandissaient avec eux ?

Les biotextiles ont le vent en poupe pour que la mode réduise sa pollution. Mais des chercheurs néerlandais et américains viennent de trouver un tissu vivant révolutionnaire et une technique d'impression ultra-rapide. Il s'adapte et se régénère.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Prototype textile "Biogarmentry" créé à base d'algues qui transforment le dioxyde de carbone en oxygène via la photosynthèse. (INSTAGRAM @BIOGARMENTRY / ROYA AGHIGHI)

Chaque année un Français jette environ 25 kg de vêtements. En Europe, ce sont quatre millions de tonnes qui partent à la poubelle. Pour limiter cette pollution, des chercheurs viennent de mettre au point un nouveau textile vivant. Un textile capable de se régénérer tout en gardant sa forme. Imaginez un trou dans votre tee-shirt préféré qui disparaît parce que le tissu s’est refermé tout seul. Ou que le pantalon de votre enfant, qui a pris cinq centimètres en un mois, grandit avec lui.

C’est la promesse révolutionnaire de ce tissu vivant que des chercheurs américains et néerlandais viennent de mettre au point. Ils ont publié les résultats de ses performances et de ses applications potentielles le mois dernier dans la revue Advances Materials (site en anglais). 

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Cette technique, mise au point par des chercheurs de l'université de Delft aux Pays-Bas, utilise une poudre d’algues enfermée dans ce que l’on appelle une cellulose bactérienne. Une sorte de gel excrétée par des bactéries et qui a d’incroyables propriétés chimiques. Cela permet au tissu de garder une certaine intégrité pendant au moins trois jours. Mais aussi de se régénérer grâce à la photosynthèse. Votre tee-shirt garde sa forme quand vous le portez, mais il se répare avec de la lumière et des nutriments, si vous le trouez.

En plus, ces chercheurs ont mis au point une technique ultra-rapide de confection grâce à une imprimante 3D. Cette matière peut se présenter sous différentes formes comme des fils. Ils pensent donc pouvoir facilement les intégrer aux machines industrielles de fabrication de vêtements. 

Du curry utilisé comme colorant naturel

De leur production à leur fin de vie, les vêtements en biotextiles remplissent beaucoup plus de critères positifs pour la planète que ceux en polyester (dérivé du pétrole) ou même en coton. Ils sont biodégradables, les algues peuvent faire un bon compost. Et ils peuvent aussi refaire des fils de biotextiles.

De nombreuses sociétés aux États-Unis, au Royaume-Uni ont déjà investi dans ces étoffes d’un nouveau genre : de la soie en fil d’araignée, du cuir en champignons ou en feuilles d’ananas. La recherche fourmille d’innovations pour que la mode ne soit plus un des secteurs les plus polluants de la planète, le deuxième en ce qui concerne la pollution de l’eau. Les teintures, elles aussi très polluantes, font l'objet de recherche à base de produits plus naturels, comme des fruits ou d'épices comme le curry. Ce n’est plus un vêtement mais une recette de cuisine !  

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