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Découverte : la tectonique des plaques a rendu la vie marine possible

Une équipe du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) vient de découvrir que la biodiversité marine s’est accélérée grâce à une oxygénation de l’océan qui est venue du mouvement des continents.

Article rédigé par franceinfo - Bérengère Bonte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un fossile de trilobite. Poisson qui vivait il y a 460 millions d'années. (BRIGITTE SCHOENEMANN / UNIVERSITY OF COLOGNE via AFP)

Prenons les choses dans l’ordre : on sait que l’oxygène est important pour la vie marine. C’est même ce qui a tout déclenché il y a 540 millions d’années, début de l’ère du Cambrien. À l’époque, la vie, en soi, existe déjà depuis trois milliards d’années mais c’est là que les organismes plus complexes surgissent, sous l’eau. Ça prend plusieurs millions d’années à nouveau. Et vers moins 460 millions : on observe une véritable explosion de biodiversité marine (ce ne sont pas encore des poissons mais, parmi les plus connus, il y a le trilobite, qui ressemble un peu à un petit cloporte.

Comment l’oxygène arrive-t-il au fond de l’océan ? c’est toute la question ! on pensait jusqu’ici qu'il venait de l’atmosphère. Et bien non ! Et c’est ça la découverte du jour, publiée dans la revue Nature grâce aux travaux des paléo-climatologues du laboratoire Biogéosciences de Dijon : c’est bien la tectonique des plaques qui a tout changé. La configuration des continents a remué l’océan, l’a ventilé. Elle a amené l’oxygène au fond. Et la vie sous-marine a pu se développer.

Le début du phanérozoïque

540 millions d’années c’est une période intéressante pour les chercheurs parce qu’on voit la vie évoluer dans l’océan : c’est ce qu'explique Alexandre Pohl, l’auteur principal de l’étude. C’est le début de ce qu’on appelle le phanérozoïque (du grec phanéro qui veut dire visible à l’œil nu) Quand on regarde les planisphères, il n’y a qu’un seul gros continent au pôle Sud (l’Australie est collée à l’Afrique avec l’Antarctique, et l’Amérique du Sud) Quelques autres morceaux se "baladent" (Groenland et Amérique du Nord). Pour le reste, sur une très grande moitié nord, c’est de l’eau avec aucune oxygène. Et pourtant, il y a déjà de l’oxygène dans l’air. C'est donc la preuve que ça ne suffit pas à oxygéner l’océan. Ce qui est intéressant c’est que tout ça évolue d’une carte à l’autre, dans l’étude : parfois même, la quantité d’oxygène régresse dans l’océan : c’est le cas au moment des cinq grandes extinctions de masse qu’a connues notre planète..

On peut remonter si loin dans le temps et établir ces cartes en affinant les modèles climatiques existants, des modèles informatiques assez complexes et en 3D pour la première fois dans ce type de travaux. Grâce à des sédiments prélevés au fond de l’eau, on peut analyser la faune, faire différentes mesures grâce à l’uranium, le thorium, ou encore le plomb. Tout cela nous éclairera peut-être par exemple à l’avenir sur la sixième extinction de masse de la biodiversité, qui serait en cours selon de nombreux scientifiques.

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