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Football : un penalty, ça se joue dans la tête, entre cortex préfrontal et cortex temporal

Des sportifs volontaires équipés de dizaines d'électrodes ont démontré que différentes zones du cerveau étaient sollicitées au moment où ils tirent un penalty. Le facteur psychologique influe bien sur le physique.

Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le pénalty manqué par Gareth Bale lors de Pays de Galles-Turquie, le 16 juin 2021. (DAN MULLAN / POOL / AFP)

Que se passe-t-il dans la tête d’un joueur de football quand il tire un penalty ? Prenez par exemple mercredi 16 juin à l’Euro, la rencontre Pays de Galles-Turquie, 61e minute, Gareth Bale, capitaine gallois, meilleur buteur de l’histoire de son équipe, s’avance pour tirer un penalty. Un geste qu'il a répété des centaines de fois. Il arme sa frappe, une course un peu hésitante, un pied gauche un peu trop ouvert et… le ballon s’envole dans les airs. Des chercheurs ont sans doute l’explication à ce geste totalement manqué et cela se passe dans le cerveau du joueur, plus précisément dans le cortex préfrontal du joueur, une zone connue pour être celle qui gère les émotions et la projection, la réflexion sur l’avenir. Bref, notre Gareth a sans doute trop pensé aux conséquences de son geste plus qu’au geste lui-même. C’est ce que viennent de démontrer des chercheurs néerlandais dans une étude publiée dans la revue Frontiers in Computer Science.

Pour cela, ces scientifiques ont équipé 22 volontaires d’électrodes qui enregistraient leur activité cérébrale via un dispositif d’imagerie et, pour la première fois dans ce type d’étude, ils leur ont fait tirer des penaltys sur un vrai terrain, dans des situations différentes : d’abord dans un but vide, ensuite face à un gardien ami, et enfin en mettant en jeu une récompense et face à un gardien qui tentait de les déconcentrer. Pour ajouter un peu de pression, les participants devaient partir du milieu du terrain avant d’aller poser le ballon au point de tir.

Différentes zones du cerveau interviennent

Les joueurs qui ont raté le plus de buts, dans toutes les situations, ont plus fortement activé dans leur cerveau la fameuse zone du cortex préfrontal, ou alors la zone du cortex temporal, qui est impliquée dans la réflexion sur soi, zone active par exemple quand on analyse ce qu’on va faire : rien de mieux pour faire monter l’anxiété.

Les meilleurs marqueurs avaient, eux, plutôt tendance à allumer leur cortex moteur, celui qui est utile pour réaliser les mouvements, coordonner le mieux les gestes, la zone qui, chez un joueur pro comme Gareth Bale, a enregistré le placement au millimètre du pied, de la jambe, du corps lors des centaines de penaltys réussis à l’entraînement. Nos chercheurs ont ainsi confirmé que le facteur psychologique influe bien sur le physique, c’est bien le stress qui est jeu quand on réfléchit trop. Où placer la balle ? Est-ce que mon équipe va m’en vouloir si je rate ? Cela a des effets délétères sur la gestuelle du tir, on est moins précis.

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