Greffe d'organe : un cœur greffé à un patient après avoir été préservé pendant 12 heures, une première mondiale

Le patient, un homme de 70 ans, se porte bien. Ce succès, offre l’espoir de pouvoir à l'avenir s’affranchir davantage des contraintes horaires, car normalement les techniques actuelles ne permettent de conserver un cœur que durant deux à quatre heures.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'entrée de l'Hôpital universitaire Pitié-Salpétrière, à Paris, le 25 mai 2021. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)

C’est une première mondiale, et elle est porteuse d’espoir. Un cœur prélevé aux Antilles a pu être greffé après un voyage de 12 heures en avion, une durée de conservation exceptionnelle. La transplantation s’est déroulée à Paris en janvier dernier, et a fait l’objet d’une publication dans la prestigieuse revue médicale Lancet. Trois mois plus tard, le patient greffé, un homme de 70 ans, se porte bien, confirme, mardi 9 avril, le professeur Guillaume Lebreton, chirurgien thoracique à la Pitié-Salpêtrière, qui a coordonné cette greffe. Il est allé récupérer le précieux greffon de l’autre côté de l'Atlantique à 6700 km de Paris.
 
Normalement, les techniques actuelles ne permettent de conserver un cœur que durant deux à quatre heures au maximum, car contrairement à d’autres organes, le cœur supporte très mal, l’arrêt de la circulation du sang. Mais ici, c’est l’utilisation, d’une nouvelle technique de conservation du greffon, dans le cadre d'un essai pilote, qui lui a permis de traverser l’Atlantique. Ce greffon cardiaque a voyagé dans une grosse boîte, qui ressemble à une glacière, mais qui est totalement innovante. Elle permet non seulement de refroidir le cœur à huit degrés, la température optimale de conservation, mais aussi de le transfuser. Dans ce cas, même si le cœur ne bat plus, une pompe lui apporte en permanence du sang et de l'oxygène.

Cette technique permet de le conserver trois fois plus longtemps. L’équipe médicale a donc pu rapatrier ce greffon depuis les Antilles, sur un vol Air France classique, ce qui était inenvisageable jusqu’ici . 

Mieux planifier les transplantations

Ce succès, offre l’espoir de pouvoir à l'avenir s’affranchir davantage des contraintes horaires, explique le professeur Lebreton, d’avoir accès à davantage de donneurs sur le plan géographique. Avec cette technique de conservation, toutes les transplantations d'organes, et pas seulement le cœur, pourraient être mieux planifiées. 

Le don d’organe ne couvre malheureusement pas tous les besoins. Concernant le cœur par exemple, il y a un don pour deux receveurs. De façon générale, le nombre de greffe a augmenté l'an dernier en France, avec 5000 transplantations au total. Les transplantations de rein et de foie sont les plus fréquentes, mais malgré cela, près de 22 000 personnes sont toujours sur liste d'attente.

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