Immobilier : l'érosion côtière n'effraie pas les Français qui rêvent toujours d'avoir une maison avec vue sur la mer
On aurait pu penser qu'il est difficile de vendre une maison qui pourrait un jour s'effondrer avec la falaise ou subir les assauts des vagues. Pas du tout si l'on en croit la thèse développée par Eugénie Cazaux, docteure en Géographie à l'université de Brest.
Elle s'est donnée une tâche pour le moins fastidieuse. Elle a épluché les bases de données immobilières et foncières de 3 000 communes du littoral. L'équivalent de deux millions de transactions effectué entre 2010 et 2016 qu'elle a comparé à la cartographie des risques côtiers et verdict : les prix de l'immobilier restent élevés malgré les aléas naturels.
Pas de décote, donc, sur ces biens qui restent très recherchés. Pourtant, les scientifiques alertent régulièrement sur les risques liés au recul du trait de côte. On le rappelle, 20 % des rives françaises sont touchées. Dernier exemple en date Fécamp, en Normandie : un pan de falaise s'est effondré sur 40 mètres de long et 15 mètres de profondeur, mi-février. Les accès à plusieurs maisons ont dû être interdits.
Les "vues sur mer" restent d'actualité
Les Français ont toujours ce désir de rivage et la géographe. Et il se distingue en trois profils d'acheteurs : l'investisseur qui rentabilisera son bien en quelques années grâce à la location touristique, les retraités qui veulent profiter des embruns et selon qui les effets du dérèglement climatique se feront ressentir quand ils ne seront plus là. Et puis, il y a l'achat "coup de cœur" de personnes fortunées.
Cependant, la législation évolue depuis le mois dernier. Les vendeurs ont l'obligation d'indiquer dans leurs annonces si la maison se trouve dans une zone à risque d'érosion. Cette information doit être rappelée dès la première visite et pas seulement lors du compromis de vente comme c'était le cas il y a quelques mois.
La loi climat et résilience a aussi introduit un droit de préemption spécifique pour permettre aux communes de racheter des biens menacés par le recul du trait de côte. De quoi peut-être faire baisser les prix de l'immobilier dans les zones à risques.
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