L'Antarctique : une terre de diplomatie scientifique
L'été va bientôt débuter dans l'hémisphère sud et facilite les expéditions scientifiques dans l'Antarctique. La ministre française de la Recherche, Frédérique Vidal, s'y rendra vendredi et les chercheurs français comptent lui montrer combien la présence de la France est importante sur cette terre qui subit aussi le changement climatique.
L’Antarctique fait l'objet de nombreuses conventions internationales depuis que Jules Dumont d'Urville qui fut l'un des premiers à accoster en Terre Adélie en 1838. Le protocole de Madrid en 1991 la consacre comme une terre de paix et de science. La France fait partie de la trentaine de pays à disposer de base de recherche sur place.
Une sentinelle du réchauffement climatique
L'étude de l'Antarctique est aujourd'hui clé pour comprendre l'ampleur du réchauffement climatique qui nous attend à la fin du siècle. Nous nous préparons à la montée du niveau de la mer mais comment savoir si elle sera de 40 cm ou d’un mètre, comme l’estiment certains scénarios des rapports du Giec ? Pour le savoir, il faut aller en Antarctique et mesurer la fonte des glaciers aussi précisément que ce que l’on fait en Arctique. Est ce que la banquise fond aussi vite qu'au pôle Nord ? La taille de la banquise est un indicateur connu par satellite mais pour voir son épaisseur, il faut aller sur place, or il n’y a que trois stations météo sur un territoire un peu plus grand que l’Europe. Les conditions de recherche y sont d'ailleurs particulièrement dures : difficile d’y aller sans l’appui logistique de l’institut Paul-Emile Victor ou d’autres instituts de recherche australien, russe ou chinois. Et sur place, mieux vaut avoir une entente scientifique internationale.
La science comme outil diplomatique
L'Antarctique est une terre de recherche mais elle aiguise comme partout les appétits d'exploitation de ses ressources naturelles. À commencer par la pêche : la France a échoué la semaine dernière lors d’une réunion de la convention sur la faune et la flore marines (CCALMR) à sanctuariser une nouvelle partie de l’océan austral. La France pêche sur place la légine. La Chine et la Russie veulent continuer à y pêcher du krill, ces mini crevettes dont ils se servent pour nourrir les poissons d’élevages. La Russie a aussi décidé de forer il y a quelques années dans le lac Vostok située à 4 000 mètres sous la glace mais les chercheurs étaient divisés sur les risques que ce forage allait aussi faire courir à un milieu préservé. Les chercheurs français donc aimeraient profiter de la visite de la ministre pour lui demander de nouveaux moyens pour la rénovation des bases Dumont-Durville et surtout Concordia, la création d'un laboratoire de biologie marine, et davantage de temps sur l’Astrolabe, le bateau de la Marine chargé aussi de surveiller les pêcheurs illégaux de la zone. La Chine, elle, est en train de se construire une cinquième station de recherche sur place. La diplomatie scientifique se pratique à armes égales...
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