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La lutte contre l'antibiorésistance : un enjeu pour la santé de tous

Santé Publique France et l'Anses publient mercredi un rapport sur la consommation d'antibiotiques chez les humains et chez les animaux. Pour la première fois l'Anses donne aussi des mesures d'antibiotiques dans l'environnement. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un vétérinaire et des antibiotiques destinés aux animaux (illustration). (THIERRY GACHON / MAXPPP)

On connaît la campagne de santé publique : "Les antibiotiques, ce n’est pas automatique", mais est ce qu’elle marche ? Visiblement plus chez les animaux d'élevage que chez les humains. En huit ans, les antibiotiques vétérinaires ont baissé de 53%. Pour le bovins, c’est même −98 % par exemple.

Il n'y a plus que 0,26% de vaches laitières qui sont traitées au C34G à base de céphalosporines. Grâce aux efforts des éleveurs et des vétérinaires, plus question de donner automatiquement à tout un cheptel ces médicaments avant même qu’un animal ne soit malade. On traite au cas par cas, on se met même aux soins par les plantes. En 15 ans, on est passé de 1 300 tonnes d'antibiotiques vétérinaires à 422 aujourd’hui. La France, sous l'impulsion européenne, s’était fixé un plan pour baisser de 50% cette consommation d’ici l’an prochain. L’objectif est dépassé. 

Un enjeu de santé pour les hommes

Chaque année en France, plus de 5 500 personnes meurent à cause de bactéries résistantes aux antibiotiques. À force de consommer ces médicaments, les bactéries qui nous peuplent, comme celle de notre flore intestinale par exemple, s’adaptent et ne réagissent plus aux traitements. Quand les médecins ont vu que les vétérinaires prescrivaient à tour de bras des molécules qu'eux gardaient comme ultime recours pour des infections comme des méningites chez les humains, tout le monde s’est mis autour de la table pour tenter de réduire leur usage. La consommation humaine d’antibiotiques a tendance à se stabiliser mais nous en avons quand même acheté 772 tonnes l’an dernier. C’est plus qu’en 2018.   

Un enjeu de pollution environnementale

S’il y a bien quelque chose que le Covid-19 nous a appris, c’est qu’un virus, comme une bactérie, peut voyager de l’animal sauvage à l’animal domestique et ensuite aux hommes. Tous ces antibiotiques que l’on ingère finissent dans nos eaux usées, puis dans nos rivières. Même chose avec les élevages et leurs effluents qui sont épandus dans les champs, comme le fumier par exemple. Les bactéries, elles, sont partout dans l’environnement. Si elles deviennent de plus en plus résistantes aux antibiotiques, cela va devenir plus risqué de se baigner dans la nature sans croiser de bactéries resistantes aux antibiotiques.

Dans quels sols va-t-on faire pousser nos fruits et nos légumes ? Quel impact aussi sur la faune sauvage ? Pour la première fois, l’Anses a fait des mesures d’antibiotiques dans l’environnement : elle en a trouvé dans plus de 50% de ses échantillons dans les eaux de surface, dans les sédiments des rivières, mais très peu dans les sols et les eaux souterraines.

Il y a déjà eu plusieurs alertes scientifiques sur la présence d'antibiotiques dans l'environnement. Leur suivi est très complexe et l'Anses propose un protocole de tests pour voir leur évolution et dans un avis publié le 18 novembre 2020, elle s’inquiète du recyclage des eaux usées pour l’irrigation, par exemple, promu par les dernières Assises de l'eau et la loi sur l'économie circulaire. La lutte contre l’antibioresistance est enjeu de santé pour tout le monde sur la planète. 

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