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Le billet vert. Comment Lubrizol va redémarrer son activité sur Rouen ?

Le préfet de Seine-Maritime va signer un arrété soit en fin de semaine, soit au début de la semaine prochaine pour la réouverture partielle de l'usine Lubrizol de Rouen, détruite par un incendie il y a près de trois mois. Une décision qui fait grincer des dents.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des manifestants réclament plus de transparence sur l'incendie qui a ravagé l'usine Lubrizol à Rouen (Seine-Maritime), le 26 novembre 2019. (LOU BENOIST / AFP)

Moins de trois mois après l’incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, la préfecture de Seine-Maritime prépare l'autorisation de reprise d'activité du site, sans que l'on connaisse les causes exactes de la catastrophe. Mardi 10 décembre, une réunion technique a voté pour ce redémarrage partiel.

Le Conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques, le Coderst, comprend une vingtaine de personnes, qui ont voté à une large majorité en faveur du redémarrage. Tous les services de l'État ont appuyé la reprise de l'activité de Lubrizol, y compris l'Agence régionale de santé, tout comme les représentants des agriculteurs, des pêcheurs et du conseil départemental de Seine-Maritime. Seuls quatre membres ont voté contre : le président de la métropole de Rouen, France nature environnement, l'UFC-Que choisir et le représentant des médecins experts en santé environnementale. 

Une reprise sous condition

Même si le site n'est pas reconstruit, même si les fûts de produits qui ont brûlé n'ont pas encore été tous évacués, le cœur de l’usine lui peut toujours produire. Les ateliers qui fabriquaient les lubrifiants, là ou se faisaient les mélanges on va dire, ne sont pas détruits. Ce sont les zones de stockage qui ont brûlé. La Direction régionale de l’aménagement, la Dreal, a donc présenté un plan pour le redémarrage du site à certaines conditions : les lubrifiants ne seront pas mis en fût sur place, ils seront évacués par camion citerne vers une autre usine normande où ils seront stockés. Un plan qu'a donc accepté le conseil mardi. Le préfet estime donc que le rédémarrage de l'usine est en bonne voie. Une fois qu'il aura signé son arrêté d'ici quelques jours, Lubrizol pourra techniquement redémarrer le site. Le préfet va peaufiner ses arguments avant la réunion de vendredi avec les membres du comité pour la transparence mis en place après la catastrophe. Une réunion où les opposants au redémarrage du site seront beaucoup plus nombreux.

Le temps de l'enquête est loin d'être terminé

Le problème que pose ce redémarrage est plutôt de le faire avant de connaître les causes profondes de cet incendie. Même si c'est un acte malveillant et pas un problème technique, la ou les personnes responsables de cet acte ne sont pas sous les verrous. Le patron monde de Lubrizol a fait la tournée des cabinets ministériels le mois dernier pour dire que, si son usine ne redémarrait pas avant la fin de l’année, il la fermerait. Personne ne souhaite aux 400 salariés de l’usine de se retrouver à la rue. La question encore une fois pour Rouen est celle d’avoir confiance ou pas dans cette usine et dans ceux qui vont contrôler son redémarrage. L’un des opposants projet d'hier "aurait bien attendu deux mois de plus pour être sûr et pour ne pas donner cette désagréable impression de céder à Lubrizol". Mais le rédémarrage de Lubrizol n'attendra pas la fin de l'enquête parce que le temps, c'est de l'argent. 

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