Le billet vert. L'ONF est entré dans le "zéro phyto"
Fini les pesticides dans les forêts publiques gérées par l’ONF. L’Office national des forêts avait déjà annoncé la fin du glyphosate l’an dernier. Cette fois, tous les produits chimiques de synthèse qui sont bannis.
Si vous allez vous promener en forêt de Brocéliande en Bretagne, ou dans la forêt domaniale de Notre-Dame-de-Monts en Vendée, ou dans la belle forêt de Vaujecourt dans le Doubs ce week end, sachez qu'il n’y a plus aucun produit chimique de synthèse épandu cette année par les forestiers de l’ONF.
Ils en utilisaient six tonnes par an à peu près sur 800 hectares plutôt dans les forêts soit à peine 0,02% de leur surfaces et plutôt dans les forêts du Nord-Ouest de la France. Même si ce n'est qu'une infime partie de ce que nous consommons comme pesticides chaque année tout usage confondu, c’est déjà ça qui n’ira plus dans l’environnement.
Prendre le temps de trouver des alternatives
Comme pour les agriculteurs, pour les forestiers, le glyphosate était bien pratique pour se débarrasser des ronces et des graminées surtout au moment où ils doivent renouveler une parcelle et planter de nouveaux arbres. En pleine lumière, les plantes prenaient toute la place et ne laissaient pas beaucoup pousser les arbrisseaux. Maintenant, les forestiers utilisent de petits tractopelles équipés de gros peignes en métal, des scarificateurs, qui arrachent les ronces. Mais cela coûte trois fois plus cher que l'herbicide. Ils adaptent aussi leur coupe en essayant de ne pas laisser une clairière trop ouverte aux fougères pour éviter d'avoir à désherber. Ils ont aussi des produits de bio-contrôle pour lutter contre les insectes ou les champignons, notamment contre les fomes qui s’attaquent aux résineux comme l’épicéa. Tout ça ne s'est pas fait en un jour, cela a pris plus de cinq ans pour que les agents testent leurs méthodes sur un site expérimental en forêt de Bord Louviers en Normandie.
Des engagements chez les forestiers privés
L’ONF, avec ses 4,5 millions d’hectares, ne représente qu'un quart de la forêt de métropole. Le reste, ce sont des millions de propriétaires privés. Leurs forêts recouvrent 20% du territoire et 12,5 millions d'hectares. Pour Antoine d’Amécourt, le président de la Fédération des forestiers privés, le zéro phyto est un peu dur à envisager : difficile par exemple de se passer de répulsif contre le gibier. Mais la plupart de ses adhérents n’épandent pas de phyto, d'abord parce qu'il faut avoir un certificat et ensuite parce qu'ils ont du temps devant eux, donc moins de pression que les agriculteurs, estime-t-il. Mais même chez eux, les choses changent. Pour garder leur label de bonne gestion forestière, le PEFC, ils comptent bannir le glyphosate à partir de l’an prochain.
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