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Les femelles n'ont pas le monopole de l'instinct maternel, d'après les travaux d'une neurobiologiste française

La chercheuse française Catherine Dulac vient de recevoir le prix Breakthrough pour ses travaux sur la parentalité. Des recherches qui démontrent que mâles ou femelles peuvent être tous deux de bons (ou de mauvais) parents.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La neurobiologiste Catherine Dulac, lauréate du prix Breakthrough pour ses recherches sur la parentalité.  (AFP PHOTO / KRIS SNIBBE / HARVARD UNIVERSITY)

Comment se déterminent les comportements des parents face à leurs petits ? On pourrait avoir un début de réponse à la question grâce aux travaux de la chercheuse Catherine Dulac et son équipe sur l'instinct parental, récemment récompensés par le prix Breakthrough

Catherine Dulac est une neurobiologiste née à Montpellier mais partie aux Etats-Unis il y a 25 ans. Elle y a eu la chance de pouvoir diriger très jeune son propre laboratoire à Harvard. Avec son équipe, elle a donc prouvé sur des souris, qu'il y avait une sorte d’interrupteur de parentalité : un bouton marche-arrêt dans le cerveau qui leur dictait leur comportement auprès de leur progéniture. Cet "interrupteur" activait chez les femelles des circuits neuronaux pour prendre soin de leurs petits, alors que chez les mâles, cela renvoyait à d’autres circuits qui les conduisent à les attaquer. 

Un "interrupteur" de parentalité

Les deux cerveaux du mâle et de la femelle ont les mêmes circuits de la parentalité. Ce sont les hormones qui l'activent différemment et enclenchent finalement ce fameux "interrupteur" qui envoie comme message à l’animal : occupe-toi de tes enfants ! Mais les expériences de la chercheuse et de son équipe montrent bien qu'une mère stressée peut très bien tuer ses petits et qu'un père peut tout à fait en prendre soin. Une découverte que Catherine Dulac cherche à aussi prouver pour d’autres mammifères, y compris les êtres humains. 

Avec cette recherche fondamentale, les scientifiques ont aussi identifié une protéine exprimée dans ces circuits neuronaux de la parentalité. Certains pensent pouvoir trouver des traitements contre certains troubles comme la dépression post-partum. Une maladie bien plus grave que le petit baby blues et qui touche 10% des femmes après leur accouchement. Cette découverte rejoint aussi les travaux d’une autre neurobiologiste française, Catherine Vidal, sur la plasticité de notre cerveau. Elle explique qu’il est impossible de faire la différence entre un cerveau féminin et masculin, qu’on ne peut pas réduire l’identité de genre à une simple affaire d’hormones ou de biologie. Mais ces travaux montrent qu'hommes et femmes peuvent être de bons ou mauvais parents, il n'y a pas de capacité supplémentaire à la naissance chez l'un ou l'autre.

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