Les guides de haute montagne montent à Paris pour alerter les députés sur le réchauffement climatique
La Compagnie des guides de haute montagne de Chamonix a rédigé un livret de 60 pages d'observations sur le réchauffement climatique, qu'elle remettra aux députés vendredi.
La Compagnie des guides de haute montagne de Chamonix fête cette année ses 200 ans. Ses membres, qui se rendent à Paris jeudi 9 septembre, ne pourront pas escalader la Tour Eiffel comme prévu initialement. Mais certains de leur représentants se rendront vendredi à l’Assemblée nationale pour évoquer le réchauffement climatique. Ils ont rassemblé leurs observations dans un livret de 60 pages, qu'ils remettront aux députés. Car ces professionnels sont les témoins directs de ces changements.
Les guides ont vu les paysages se modifier depuis des décennies. Autour du Mont-Blanc, le recul des glaciers s’est accéléré depuis les années 1990. La haute montagne est devenue plus grise, plus rocailleuse. En partie plus dangereuse aussi : avec des températures moyennes qui augmentent, la glace ne joue plus autant son rôle de ciment, expliquent ces guides. Les parois sont plus fragiles, ce qui favorise les écroulements rocheux, notamment en été.
La végétation commence aussi à changer. Les travaux menés avec le Centre de recherche sur les écosystèmes d'altitude montrent que depuis dix ans, les arbres, notamment les frênes et les bouleaux, bourgeonnent une semaine plus tôt au printemps, étant donné que la neige fond plus tôt. Les forêts poussent un peu plus haut, car les arbres cherchent à récupérer de la fraicheur. Et dans les massifs d’altitude, le nombre d’espèces végétales a doublé en l'espace de 150 ans.
Des stations de ski menacées
L'enneigement aussi a évolué avec le réchauffement climatique, constatent les guides. L’hiver 2021 était un peu exceptionnel, il a beaucoup neigé. Mais globalement, dans les villages situés à moins de 2 500 mètres d’altitude, on a perdu cinq semaines d’enneigement par rapport aux années 1970. Les stations de ski continuent de perdre un jour de neige par an. Les projections montrent que la majorité d’entre elles ne pourront plus fonctionner en 2100, soit dans 80 ans. L’image de Jean-Claude Dusse sur son télésiège ne parlera bientôt plus à grand-monde. D'ici 2100, les Alpes pourraient perdre aussi 85 à 95% de leur surface glaciaire.
Dans 30 ans, la neige tiendra donc un mois de moins dans les stations, il va falloir qu'elles diversifient leurs activités. Mais ces changements se feront surtout sentir l’été. En 2050, en moyenne montagne dans le secteur du Mont-Blanc, il devrait y avoir 20 à 30 jours de canicule par an, contre cinq à dix jours aujourd’hui. Mais il y aura toujours de la neige au-dessus de 4 000 mètres, donc le sommet du Mont-Blanc restera blanc.
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