Les huit pays d'Amazonie au chevet de la plus grande forêt tropicale du monde
Les huit pays de la région – Brésil, Bolivie, Colombie, Guyana, Pérou, Venezuela, Equateur et Suriname – sont réunis à partir du mardi 8 août au sommet de Belém au chevet de cette forêt qui n’est pas uniquement le "poumon" de la planète comme on le dit souvent mais aussi le plus incroyable producteur de biodiversité – chaque jour des millions de nouveaux micro-organismes. Et bien-sûr aussi un immense réservoir de carbone, stocké dans la végétation. Aujourd'hui, environ 15% ont été déforestés. Sur la partie brésilienne, c’est 20% de coupes rases (pour installer du bétail essentiellement) ce qui en laisse 80. Sauf que si on inclut les dégradations partielles, notamment les incendies, le chiffre se situe plutôt autour de 50% de l'Amazonie.
Durcir la lutte contre la criminalité
La principale inquiétude c’est de s’approcher de ce que les spécialistes appellent le "point de bascule". Faute de toute l’humidité que génère cette forêt tropicale, certaines parties pourraient se transformer en savane, générant moins de biodiversité, et stockant moins de carbone. Un chiffre : en 2020, les émissions de CO2 de l’Amazonie ont augmenté de 117% par rapport aux années 2010-2018. Et puis on dit parfois que l’Amazonie sert de brumisateur pour les zones de production au sud (Brésil et Argentine). On observe déjà des sécheresses récurrentes et les scientifiques font le lien avec la déforestation.
L’objectif du sommet de Belém est clairement de durcir la lutte contre la criminalité de la déforestation et de l'exploitation minière illégale. De décrocher de nouveaux financements aussi : la Norvège et l'Allemagne déjà principaux contributeurs d'un fonds Amazonie ont été invités à la table. La France également pour la Guyane qui a une partie d’Amazonie sur son territoire. Mais disons-le, c'est avant tout un sommet très politique pour le président Lula. Qui a promis de stopper la déforestation d'ici 2030, mais qui ne veut surtout pas fâcher l'agro-business dont il a besoin pour son économie. Les plus critiques notent que depuis son élection en janvier, il continue à autoriser de nouveaux pesticides au même rythme que sous l’ère Bolsonaro.
La semaine dernière, le gouvernement brésilien a publié des données qui prétendent que la déforestation est trois fois moins importante depuis un an. Des chiffres peu fiables selon François Letourneux, le président d'honneur de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour qui "Lula veut surtout montrer, avec ce sommet, que le Brésil est de retour sur la scène internationale". Selon lui, seules les données satellite officielles de novembre permettront d'être fixés.
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