Les traces génétiques laissées dans l'eau permettent de répertorier des milliers d'espèces sous-marines
Grâce à une nouvelle technique d'échantillonnage de l’eau de mer, des scientifiques ont réalisé l’inventaire des poissons vivant dans les mers et océans de 19 pays en un temps record ! Ce travail scientifique n’a duré que trois ans, alors qu’il faut normalement entre cinq et dix ans pour effectuer ce type d’inventaire.
Cette opération, dont les résultats ont été dévoilés lundi 9 décembre, a permis d’identifier en un temps record près de 4 500 espèces différentes vivant dans 21 aires marines protégées par l’Unesco. Parmi elles, on recense environ 2 000 espèces de poissons, mais aussi des phoques, des dauphins, des tortues, ainsi que plus de 80 espèces de raies et requins. En outre, 120 de ces espèces figurent sur la liste rouge des espèces menacées.
Le plus fascinant dans cette histoire, c’est qu’il n’a pas été nécessaire de voir ou de photographier tous ces animaux pour confirmer leur présence. Leur existence a été établie avec certitude grâce à leur ADN. Toutes ces espèces ont laissé des traces génétiques de leur passage dans l’eau. En pratique, cette expérience a montré qu’à partir d’un seul échantillon d’un litre et demi d’eau de mer, il est possible de retrouver la signature génétique de 150 à plus de 800 espèces marines ayant fréquenté la zone. Cette technique, appelée ADN environnemental, n’est pas nouvelle, mais son utilisation à une si grande échelle est inédite. La méthode offre plusieurs avantages.
Mieux protéger les espèces vulnérables
Elle n’est pas très coûteuse (25 euros par kit de prélèvement, sans nécessité de mobiliser de grands navires océanographiques). Elle peut être répétée régulièrement partout dans le monde, avec l’aide éventuelle de populations locales formées pour les prélèvements. Surtout, elle n’est ni intrusive ni stressante pour les espèces observées.
Savoir précisément où vivent les différentes espèces marines dans les océans du monde permet de mieux protéger les espèces vulnérables et de suivre leurs déplacements, notamment en lien avec le réchauffement climatique. Ce dernier force de nombreuses espèces à migrer vers des eaux plus profondes ou plus fraîches. Les scientifiques estiment que, d’ici la fin du siècle, la moitié des espèces de poissons se retrouveront dans des eaux trop chaudes si elles ne se déplacent pas. En disposant d’une connaissance plus fine de l’évolution des habitats marins, l’Unesco espère que l’ADN environnemental permettra de protéger efficacement 30% des océans d’ici 2030, comme prévu par les objectifs internationaux.
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