Mort subite du nourrisson : les photos sur les paquets de couches montrent, le plus souvent, des bébés endormis dans une mauvaise position
Chaque année en France, autour de 300 bébés décèdent de façon inexpliquée avant l’âge d’un an, victimes du "syndrome de mort subite du nourrisson". La position de couchage sur le ventre a été identifiée depuis les années 1990, comme l’un des principaux facteurs de risque, tout comme le couchage sur une surface molle ou la présence d’oreillers, édredon, peluches, draps de matelas mal ajustés près de la tête de l’enfant ou encore le partage du lit avec une autre personne.
Depuis la diffusion de recommandations internationales, demandant aux parents d’éviter ces situations à risques, l’incidence de la mort subite a diminué, elle s’est réduite de 80% en France à partir des années 1990. Depuis quelques années néanmoins, ces consignes semblent être moins entendues d’où ce travail d’analyse des visuels figurant sur les paquets de couches. Au total 631 emballages de couches vendus dans 11 pays européens ont été passés au crible par cette équipe de chercheurs impliquant l’Inserm, les hôpitaux de Paris, le CHU de Nantes et d’autres structures de recherche européenne. Ces scientifiques regrettent un niveau alarmant d’incohérence entre ces visuels publicitaires et les recommandations faites aux parents pour limiter le risque de mort subite.
Une incidence sur le comportement des parents
Concrètement, la moitié des emballages de couches vendues en Europe, affichent une image de bébé endormi. Dans 8 cas sur 10, les bébés sont couchés dans une mauvaise position. La France n'échappe pas au constat. Sur les 45 paquets de couches vendues chez nous, 36 présentent des photos avec un bébé qui dort dans une position non conforme aux recommandations. Soit ils sont sur le ventre ou sur le côté, soit ils dorment avec la tête sur un oreiller, une peluche ou support mou. Parfois les bébés sont pris en photo à côté d’un adulte qui dort lui aussi.
Ces images influencent malheureusement réellement le comportement des parents. Pour les chercheurs, cela s’apparente à une forme de désinformation insidieuse par rapport aux pratiques recommandées, d’autant que de nombreuses études ont déjà démontré l’influence très forte du marketing publicitaire sur les comportements de santé. Cela a été prouvé dans la prévention du tabagisme, de la consommation d’alcool, du cancer de la peau, des habitudes alimentaires.
Ces chercheurs militent donc pour que le législateur interdise aux industriels d’afficher sur leurs emballages de couches, et d'article de puériculture en général, des photos contraires aux recommandations qui sont faites aux parents pour limiter le risque de mort subite du nourrisson. Ils ont d’ailleurs lancé lundi 23 octobre une pétition en ce sens. Pétition déjà signée par de nombreux médecins, ainsi sur par la Haute autorité de santé et la société française de pédiatrie.
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