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Origines du Covid : on a découvert des coronavirus proches chez des chauves-souris

C'est une découverte intéressante dans l'enquête sur l’origine de la pandémie de coronavirus : des chercheurs de l’Institut Pasteur ont découvert des virus proches du Sars-CoV-2 chez des chauves-souris au Laos, au sud de la Chine. On n’en avait jamais trouvé d'aussi proches du coronavirus.

Article rédigé par franceinfo - Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une chauve-souris dans une grotte. (FLORIAN LAUNETTE & M?GANE CH?NE / MAXPPP)

On soupçonne depuis le départ les chauves-souris d'être un réservoir du virus mais jusqu’ici on n’avait retrouvé chez elles que de lointains cousins du Sars-CoV-2. Des cousins qui n’avaient pas notamment les bonnes caractéristiques pour se transmettre à l'homme, ni pour déclencher la maladie que l’on connaît. Mais, en se rendant sur le terrain, au Laos, et en analysant les virus portés par dix espèces différentes de chauves-souris vivant dans des grottes, des chercheurs de l’Institut Pasteur ont découvert trois virus dont le génome est quasiment identique à celui du Sars-CoV-2, et surtout, ces virus possèdent  la capacité d’infecter des humains.

C'est une première, car on n’avait pas retrouvé des virus ayant cette capacité jusqu’ici. Il reste cependant un point à éclaircir : ces virus de chauves-souris (quasi identiques au Sars-CoV-2) sont dépourvus de la fonction qui pourrait les rendre pathogènes, autrement dit en l'état, ils ne peuvent pas déclencher les symptômes du Covid chez l’homme.
 
Cela veut dire qu'à ce stade, on ne peut pas faire de lien direct entre l'épidémie et ces virus découverts par l'équipe de l’Institut Pasteur. Mais ce qu’explique Marc Aloit, l’un des chercheurs, qui dirige le laboratoire découverte des pathogènes à Paris, c’est qu’ils ont pu acquérir cette capacité en mutant, soit à l'intérieur d’un organisme humain, soit en transitant par un autre animal. Il est aussi possible qu’une version mutée et pathogène de ces mêmes virus existe déjà, même si pour l'instant on ne l’a pas encore identifiée.

Il faut respecter les écosystèmes sauvages

Mais comment des chauves-souris originaires du Laos pourraient-elle être à l'origine de l'épidémie de Wuhan, le point de départ de la pandémie, à 2 000 kilomètres de là ? C’est un point qui reste à éclaircir. Ce qui est intéressant, c’est que ces chauves-souris qui vivent au Laos évoluent dans le même type d’environnement et de grottes que d’autres chauves-souris du sud de la Chine. Elles vivent dans un même massif géologique calcaire situé à cheval entre les deux pays et ce qui se passe chez les chauves-souris du Laos pourrait donc tout à affecter les mêmes espèces en Chine.

Ce qui est sûr, c’est que cette découverte  confirme la capacité de certains virus animaux à passer chez l’homme. D'où l'importance de respecter les écosystèmes sauvages car on le sait désormais, 75% des maladies infectieuses émergentes chez l’homme proviennent du monde animal.

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