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Peut-on reconnaître un menteur au son de sa voix ?

Des chercheurs du CNRS se sont penchés sur ce qui donne envie de croire ou de ne pas croire ce que l'on vous dit. Ils viennent de publier leurs travaux dans la revue "Nature" pour montrer que des signaux vocaux similaires inspirent la crédibilité.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Illustration d'un musicien enregistrant sa voix dans un studio. (ZERO CREATIVES / IMAGE SOURCE)

Les menteurs sont-ils trahis par leur voix ? C'est ce qu'on cherché à savoir des scientifiques français en se penchant sur les intonations en partant du principe qu' il n’y a pas que seulement ce que l’on dit, mais la façon dont on le dit qui compte. Il y a 70 000 façons différentes de dire un même mot : en fonction de votre ton, débit, hauteur de voix.

Ces chercheurs des laboratoire Sciences et technologies de la musique et du son à l'Institut de recherche et coordination acoustique-musique (IRCAM) et des systèmes perceptifs au CNRS ont donc mené une série d'expériences auprès d’une centaine de participants en leur faisant enregistrer plus de 800 paires de mots sur tous les tons. Des mots comme vagio ou bazin. Ecouté en boucle comme ça, on se dit que cela n'a pas beaucoup de sens... mais ce qui intéresse les chercheurs est de savoir s'il y a un ton qui inspire le plus crédibilité.

Une prosodie commune

Ils ont découvert qu'il y a bien une même prosodie : c'est-à-dire tout ce qui a a trait à la mélodie de la voix, son rythme, sa tonalité, sa hauteur qui suggère la confiance et l'honnêteté. Tous les participants, qu’ils soient anglophones, hispanophones ou francophones, ont répéré les mêmes signaux vocaux de la crédibilité, c'est-à-dire une diction rapide, une forte intensité au milieu du mot et la voix qui redescend à la fin.

Mais pour bien faire passer un mensonge, on sait qu'il y a plus que le ton. Beaucoup d’études se sont penchées sur la communication non verbale du mensonge et il y a beaucoup d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte : les regards fuyants, les personnes qui restent figées, celles qui ont la voix qui monte dans les aigus ou alors qui hésitent sont perçues comme des menteuses.

De nombreuses pistes d'application

Louise Goupil, l’une des auteurs de l'étude, s’intéresse depuis longtemps à l’expression du doute chez les bébés. Elle tente de voir si dans leur babillage, on peut repérer qu’ils sont soupçonneux. Son travail intéresse beaucoup sur le plan clinique ceux qui se penchent sur des maladies comme l’autisme, la dépression, pour déceler des signes précoces et des traitements anticipés. Dans le monde du travail aussi, à travers les techniques de management pour être crédible auprès de ses équipes lorsqu'on parle, mais aussi en psychologie criminelle pour repérer les mensonges lors d'une enquête ou d'un procès : la voix deviendra-t-elle un futur détecteur de mensonge ? On n'en est pas encore là mais ça pourrait venir.

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