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Pourquoi certains projets de méthaniseurs sont loin de faire l’unanimité en France

De plus en plus d'exploitations agricoles s'équipent à travers la France, depuis quelques années, afin de produire du biogaz à partir des déjections animales. 

Article rédigé par franceinfo - Boris Hallier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un méthaniseur agricole à Apprieu (Isère). (LAURENT GALLIEN / RADIO FRANCE)

Ils se multiplient sur les exploitations agricoles, à travers la France, depuis quelques années : les méthaniseurs. Ces unités produisent du biogaz à partir des déjections animales. À l’heure où l’Union européenne cherche à se passer du gaz russe, cette technologie est présentée comme une alternative intéressante. 

Mais certains projets de méthaniseurs sont loin de faire l’unanimité, 
avec des opposants qui restent mobilisés même en été. C’était le cas mercredi 20 juillet, près de Saint-Brieuc. Un nouveau rassemblement pour protester contre le projet d’installation d’un méthaniseur. Pour eux, c’est sûr, cette unité va aggraver le problème des algues vertes. En quelques mots, une unité de méthanisation ce sont de grosses cuves où fermentent le fumier et le lisier, ce qui produit deux choses du biogaz que l’on peut ensuite réinjecter dans le réseau et ce que l'on appelle le digestat, ce sont les résidus des matières organiques.

Bombe à algues vertes

Et c’est ce digestat qui pose problème aux opposants bretons, car il est ensuite utilisé par les agriculteurs en guise de fertilisants, de quoi se passer normalement d’engrais de synthèse. Ce digestat doit donc être épandu sur des surfaces agricoles en baie de Saint-Brieuc. Pour les opposants, c’est une véritable bombe à algues vertes puisque cette matière est chargée d’azote. Et l’azote, c’est l’élément dont raffolent ces algues qui polluent les plages bretonnes depuis des années. Plusieurs communes avaient donc émis un avis défavorable lors d’une première consultation. Les opposants attendent désormais les résultats de l’enquête publique qui s’est achevée mercredi 20 juillet.

La Bretagne n’est pas la seule région concernée par ces mouvements de protestation : en Ile-de-France, en Occitanie, en Alsace... plusieurs manifestations ont été organisées ces dernières semaines. Là, le problème ce ne sont pas les algues vertes, les riverains craignent les odeurs, la hausse du trafic de camions, les risques de pollutions. Ils dénoncent des projets démesurés. Mais la Bretagne, terre d’élevage de porcs, de bovins, reste la région où la mobilisation est particulièrement forte avec des appels à repenser le système agroalimentaire.

Une filière prometteuse

Pour l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) la méthanisation est une filière prometteuse aux bénéfices multiples. Source de revenus pour les agriculteurs. Elle a selon l’agence des impacts environnementaux qui restent globalement positifs. Mais des précautions doivent être évidemment prises notamment sur l’étanchéite des unités.

Depuis 2011, grâce notamment aux subventions. Les méthaniseurs se sont multipliés à travers la France. On en compte plus de 1 000 aujourd’hui. Dont 400 raccordés au réseau gazier. Le secteur espère continuer à croître et atteindre 15% dans la consommation totale de gaz d’ici 2030. Soit l’équivalent de la part du gaz russe.

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