Que se passe-t-il dans le cerveau d'un procrastinateur ?
La procrastination touche un adulte sur cinq. Une étude de l'Inserm et de l'Institut du cerveau à Paris décrypte notre comportement face à une tâche fastidieuse.
“Repousser au lendemain, ce que l’on peut faire le jour même”, ce n’est pas toujours une bonne idée. Pourquoi cette mauvaise habitude de la procrastination ? Pour répondre à cette question, Mathias Pessiglione, chercheur à l’Inserm, et Raphaël Le Bouc, neurologue à l’Institut du cerveau, ont sollicité 51 volontaires. Ils leur ont fait passer des tests, notamment celui de remplir des formulaires administratifs fastidieux pour obtenir de l’argent. Résultat : non seulement il y a eu des retards dans l’envoi des formulaires – preuve qu'il y avait bien des procrastinateurs dans le groupe – mais, en plus, ces chercheurs ont su les repérer à l'avance.
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Les questionnaire remplis par les participants permettaient de repérer ceux qui préféraient faire un effort tout de suite et être récompensés rapidement et ceux qui préféraient faire un effort après et être récompensés plus tard.
Par exemple, certains préfèrent faire la vaisselle après un dîner pour profiter d'une cuisine rangée le soir-même, quand d'autres préfèrent repousser la tâche au lendemain. À partir des questionnaires, ces chercheurs ont même réussi à mettre ces préférences temporelles pour la récompense et l’effort dans une équation mathématique. C'est ainsi qu'ils ont pu repérer en amont les procrastinateurs. Par imagerie médicale, ils ont aussi pu voir à quel endroit du cerveau se jouent tous ces arbitrages : dans le cortex cingulaire antérieur.
Un effort est-il vraiment plus facile plus tard ?
La particularité du cerveau d'un procrastinateur est qu'il décompte plus vite, dans le temps, les coûts de l'effort par rapport aux récompenses. Autrement dit, ils ont tendance à penser automatiquement, et sans raison objective, qu'un effort sera forcément plus facile après. À niveau de fatigue égale, remplir une déclaration d’impôt demande le même effort, quel que soit le jour choisi pour le faire. Un procrastinateur aura toujours l’impression que la tâche demandera moins d'efforts le lendemain.
À ce stade, l'étude ne dit pas comment on pourrait modifier ce biais cognitif. Elle ne dit pas non plus ce qui relève de la motivation et, donc, de la psychologie. Mais, à l'avenir, mieux connaître ces mécanismes devrait aider les procrastinateur à développer des stratégies pour sortir de leurs mauvaises habitudes.
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