Recherche scientifique : en utilisant un colorant alimentaire, des chercheurs parviennent à rendre la peau des souris transparente

Grâce à la tartrazine, un colorant présent dans plusieurs produits alimentaires, des chercheurs de l’université de Stanford ont pu observer différents organes vitaux des souris.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le colorant, en réduisant la diffusion de certaines ondes de lumière, et en permettant à d'autres rayons du spectre lumineux de pénétrer plus profondément, donne cette impression de transparence. (UNIVERSITE DE STANFORD)

La tartrazine est un colorant jaune orangé et peut se trouver dans des bonbons, des glaces, ou des chips. Des chercheurs de l’université de Stanford en Californie en ont badigeonné le ventre, les cuisses et le crâne de souris vivantes, ce qui a rendu ces zones partiellement transparentes en quelques minutes, laissant apparaître les organes situés juste sous la peau. Ces scientifiques ont ainsi, par exemple, pu observer à l'œil nu ou via des microscopes, le foie, la vessie, les organes digestifs en plein travail. Des vaisseaux sanguins qui alimentent le cerveau, ou encore les fibres de muscles en train de se contracter. Ces expériences ont été décrites, vendredi 6 septembre, dans la très sérieuse revue Science.

Un phénomène réversible

Un colorant qui peut rendre la peau transparente, a priori, c'est contre intuitif, mais ce mécanisme est relié à des principes de physique et d’optique. Ici le colorant, en réduisant la diffusion de certaines ondes de lumière à l'intérieur du tissu, et en permettant à d'autres rayons du spectre lumineux de pénétrer plus profondément, modifie les contrastes de l’image, ce qui donne cette impression de transparence. Celle-ci se limite à la zone imbibée par le produit, c'est-à -dire les quelques millimètres d'épaisseur de la peau seulement. Ce phénomène est réversible quand le colorant se dissipe.

La tartrazine pourrait-elle avoir le même effet chez l’homme ? C'est une vraie question, car les souris ont une peau 10 fois plus fine que la nôtre ! Chez elles c’est facile de passer cette barrière, mais chez l' humain, il faudrait réussir à administrer le colorant sur toute l'épaisseur de la peau, par des patchs ou des micro-injections, pour voir ce qu'il y a juste derrière, ce qui n'a pas encore été testé. Cette technique, si elle était transposable, ouvrirait, pour l'homme, la perspective de contrôler l'état des veines, de surveiller des troubles digestifs, d’observer ce qui se passe sous certaines lésions de la peau, ou sous des grains de beauté, par exemple, sans faire d’incision. Ce colorant  jaune, nom de code E102 sur les emballages est donc prometteur mais sa sécurité, dans un autre usage qu’en additif alimentaire, devra d’abord être prouvée.

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