Santé : une BD pour sensibiliser à la notion de microbiote
"Voyage au centre du microbiote", c’est le titre d’une bande dessinée qui vient de sortir aux Editions Delcourt. Elle est réalisée avec des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de Nantes.
Nous abritons tous plusieurs microbiotes : digestif bien sûr, mais aussi pulmonaire, dermatologique, génital, dentaire. Cela fait un monde fou : à peu près 10 000 milliards de micro-organismes. Deux kilos par personne de bactéries, virus, levures, tous interdépendants. Ils nous maintiennent en bonne santé ou en cas de déséquilibre, génèrent des maladie de l’intestin, ou encore du cerveau. Parkinson, Alzheimer, autisme ou encore troubles anxieux y trouveraient leur origine. Les travaux de l’Inra (devenu l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, l'Inrae) à Jouy-en-Josas depuis des années sont très éclairants à ce sujet.
Dans cette BD, toute cette "population" de micro-organismes vit sur une île fictive du Pacifique, "Microbiota" où un milliardaire s’est mis en tête de développer un suppositoire miracle pour stimuler ce microbiote. Et voilà que des journalistes débarquent pour explorer ce territoire, en pleine éruption volcanique. Avec une foule de péripéties. Un peu comme si Jules Verne avait connu le concept de microbiote.
L’Inserm s’est associé à ce travail parce que c’est un enjeu de santé publique. C’est ce qu’a expliqué le directeur de recherche directement impliqué, le professeur Michel Neunlist, connu pour ses travaux sur ce deuxième cerveau qu’est le tube digestif. Il parle lui-même d’une "mode du microbiote" qui a fait naître depuis 20 ans des espoirs "démesurés", et trop précoces. Et donc en attendant la pilule miracle d'ici 10 ou 20 ans, il veut inciter à un mode de vie, d'alimentation et un environnement qui préserve cette diversité.
Nouvelles pistes thérapeutiques
Dans la BD, on croise par exemple une bactérie (Ruminococcus bromii) qui digère les graines et les légumes et protège votre colon, une autre (Lactobacillus rhamnosus) qui réduit le stress. Tout cela diffère d’un individu à l’autre, d’une région à l’autre. Un Japonais a de quoi gérer telle algue locale, ce que n’a pas un Européen. Et l’intérêt de connaître tout cela, c’est la prévention mais aussi l’ouverture de nouvelles voies thérapeutiques.
Ce n’est pas très ragoutant mais il y a déjà des traitements à base d’excrément. En clair, on transplante de la matière fécale dans le colon pour traiter certaines maladies inflammatoires ou même l’obésité. Là-dessus, on en est déjà aux essais cliniques. Il y a des essais sur certaines maladies psychiatriques.
Autre piste, la thérapie génique : comment modifier les bactéries pour qu'elles traitent les inflammations. Le plan d’Investissement Avenir (le plan de relance 2030) mise beaucoup sur toutes ces recherches. Le professeur Neunlist est nettement plus sceptique concernant les probiotiques, prébiotiques, ou postbiotiques qu'on trouve déjà, sans ordonnance. Sans parler "d'arnaque", (tant mieux si cela fonctionne sur certaines personnes) cela ne peut pas, selon lui, aller bien loin pour un large public.
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