Trois semaines après le passage du cyclone, quel bilan environnemental des dégâts à Mayotte ?

À Mayotte  trois semaines après le passage meurtrier du cyclone Chido, le bilan est toujours d’au moins 39 morts et plus de 5 600 blessés. Le chantier de reconstruction est immense, y compris dans les zones forestières et les milieux naturels.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Bananiers et autres arbres dans le bidonville de Kersoni, à Mayotte, le 25 décembre 2024. (MICHAEL BUNEL / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Vu du ciel, la couleur qui domine à Mayotte après le passage du cyclone Chido, c’est le marron. Il n’y a plus de taches vertes sur l’île comme avant. Les survols en drones ne permettent pas encore d’établir un bilan environnemental précis, a expliqué Benoît Loussier, directeur régional de l’Office national des forêts pour Mayotte et la Réunion. Mais la quasi-totalité des surfaces forestières qui couvraient 20% du territoire ont été dévastées.

De nombreuses exploitations agricoles ont aussi été ravagées. Au mieux, les arbres ont perdu leurs feuilles et leurs branches, mais sont encore debout ; ceux-là pourront repartir rapidement. Mais dans beaucoup de cas, ils ont été déracinés ou totalement ou broyés par les vents soufflant à plus de 200 km/h : ceux-là ne reverdiront pas.

Désastre pour le cycle de l'eau

La végétation joue un rôle important à Mayotte pour le cycle de l’eau, car les racines captent la pluie qui tombe sur le sol. Cela permet d'éviter l'érosion. Cela permet aussi, ensuite, d’entretenir des précipitations, car les arbres rejettent de l’humidité dans l’atmosphère par évapotranspiration.

Le couvert forestier de Mayotte servait aussi d’abri à de nombreux animaux, notamment des lézards, des insectes, des chauves-souris, mais aussi des makis. Ces petits lémuriens manquent de vivres depuis le cyclone et tentent de trouver de la nourriture en se rapprochant des habitations.

Enfin, beaucoup de terre étant mise à nu, le ruissellement de la boue lors des pluies entraîne un risque d'envasement du lagon, ce qui menace les coraux et la survie de plusieurs dizaines d'espèces marines.

Heureusement, en raison d’un climat favorable, la végétation à Mayotte va pouvoir repousser assez vite. Il devrait être possible de retrouver des plantations qui atteignent jusqu'à 8 mètres de haut en quelques années. Les écosystèmes pourraient donc de nouveau être fonctionnels d’ici dans 10 ou 20 ans, indique l'Office national des forêts. Mais il faudra pour cela des moyens suffisants pour replanter au moins une cinquantaine d'hectares de forêt par an.

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