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La Pologne choisit un groupe américain pour construire sa première centrale nucléaire

Varsovie n'a pas opté pour le français EDF, ni le concurrent coréen. Explications.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La centrale nucléaire de Vogtle en cours de construction par l'entrepreneur Westinghouse, près d'Augusta (États-Unis). (MAXPPP)

La Pologne dit "oui" au groupe Westinghouse pour la première partie de son projet nucléaire d'un montant estimé à plus de quarante milliards d’euros. La décision de Varsovie doit être entérinée officiellement lors d’un conseil des ministres mercredi 2 novembre, mais la décision est d'ores et déjà prise. Les États-Unis n’ont pas tardé à réagir pour se féliciter de cette très belle prise en Europe. Selon le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, Washington est fier d’être le partenaire fort de la Pologne pour l’énergie et la sécurité. Ce qui n’est pas anodin dans le contexte actuel.

>> franceinfo junior. À quoi sert une centrale nucléaire ?

Cette décision envoie un message très clair à la Russie : via les États-Unis, l’Otan est à l’œuvre plus que jamais en Europe. L’Alliance atlantique se montre une nouvelle fois utile sur le Vieux Continent pour assurer et diversifier son approvisionnement énergétique, et résister ainsi directement à la "militarisation" russe de l’énergie, pour reprendre les propres termes de la secrétaire américaine à l’Energie, Jennifer Granholm. La Pologne prévoyait depuis des années d'être capable de produire de l’énergie nucléaire à des fins civiles et la question est devenue évidemment plus urgente avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Westinghouse grille la politesse à EDF

Le choix de Varsovie est très politique. Membre de l’Otan depuis 1999, la Pologne fait le pari américain pour renforcer sa sécurité et son approvisionnement face à une offre européenne divisée. Europe, le nucléaire n’a plus bonne presse et Bruxelles tarde à mettre d’accord les 27 États-membres sur sa fameuse taxonomie, une codification et taxation des activités économiques en fonction de leur impact sur l’environnement.

Des discussions à n’en plus finir, donc, qui viennent de faire le jeu des américains, au grand dam d’EDF qui, avec son réacteur EPR nouvelle génération, misait sur ce marché polonais pour faire décoller la dernière version. L’énergéticien français, en phase de renationalisation, devra attendre une prochaine occasion.

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