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Le brief éco. Covid-19 : certains patrons de laboratoire créent la polémique en vendant leurs actions

L’annonce de vaccins contre le coronavirus va-t-elle être gâchée par les profits réalisés par les laboratoires ? La polémique est en train de monter, notamment à cause de l’attitude de certains patrons de groupe pharmaceutique. 

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les logos des laboratoires Pfizer et Moderna. (DOMINICK REUTER / AFP)

Citons les trois laboratoires pour l’instant les plus médiatiques, tous américains : Pfizer, Novavax et Moderna qui vient d’annoncer la fiabilité de son vaccin à 94%. Leurs patrons n’ont pas hésité à vendre des paquets d'actions, empochant au passage des millions de dollars, en pleine gloire pour leurs groupes, mais surtout en pleine crise sanitaire. L'étonnement, pour ne pas dire l'indignation, dépasse de loin les espoirs qu’apporte la recherche. Le sujet est si sensible dans l’opinion qu'il n’avait vraiment pas besoin de cette calamiteuse publicité.

Celui dont on a entendu le plus parler jusqu’à présent est le patron de Pfizer. Le jour même où le groupe annonçait que son vaccin était efficace à 90%, le directeur général Albert Bourla vendait pour 5,6 millions de dollars d’actions à la bourse. Idem ces derniers mois pour d’autres laboratoires comme Moderna dont plusieurs responsables ont vendu, et donc récupéré, pour plus d’une centaine de millions de dollars.

Totale légalité

Dans le cas de Pfizer, l’opération de revente d’actions en faveur du dirigeant était prévue de longue date grâce à un procédé juridique technique et légal qui déclenche la vente d'actions dès qu'un seuil de prix est atteint. Il suffit d'attendre l'annonce d'une réussite industrielle qui dope le cours de l’action. Quand le prix du titre est atteint en bourse, la vente se déclenche automatiquement sans qu'un éventuel délit d’initié ne puisse être invoqué.

Donc, légal oui. Est-ce moral pour autant ? On se gardera bien de donner des leçons. Ne faut-il pas tout simplement revoir la législation en vigueur ? Ou peut-être attendre des patrons en question qu'ils renoncent à réaliser de tels profits personnels en ces périodes compliquées ? D'autant que les profits des firmes pharmaceutiques sont en grande partie réalisés grâce aux deniers publics, l'argent que les États injectent dans la recherche et dont profitent largement ces groupes privés, à coups de milliards de dollars et d'euros.

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