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Le brief éco. François Fillon, son programme économique

Alain Juppé l’a promis à l’issue du premier tour de la primaire de la droite et du centre : la bataille projet contre projet, avec François Fillon, va battre son plein cette semaine, avant le second tour. François Fillon a suscité un vrai engouement malgré un programme présenté comme très dur sur le plan économique

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
François Fillon, vainqueur de la primaire à droite, le 20 novembre 2016 à Paris. (THOMAS SAMSON / POOL)

Sans promettre du sang et des larmes, François Fillon garantit plus d’efforts que de distractions. On ne peut pas dire que ce soit le programme le plus glamour. Une des mesures les plus spectaculaires est la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires et le retour aux 39 heures pour les agents de l’Etat – pas payées 39 heures mais pas 35 non-plus. On ne sait pas encore où sera placé le curseur.

Par contre : finies les 35 heures pour tout le monde dans le secteur privé. Les accords se négocieront au sein des entreprises dans la limite du plafond légal européen de 48 heures hebdomadaires. Quant aux retraites, l’âge légal de départ serait repoussé à 65 ans, le public étant aligné sur le privé.

La fiscalité est un autre point fort de son programme

Suppression de l’ISF ; baisse de 10 milliards d'impôts pour les ménages et de 40 milliards sur les entreprises avec, notamment, transformation du Cice – Crédit d’impôt compétitivité emploi – en réelle baisse de charges. Plus simple que le Cice, on sait qu'une baisse de charges directe se traduit plus rapidement par des créations d'emplois.

Et puis, délicat en termes de pouvoir d’achat : la hausse de deux points de la TVA... une TVA sociale en quelque sorte pour financer la baisse des charges des entreprises.

La question est surtout de savoir si ce programme est réaliste et tenable

Libérer l’économie, baisser les impôts, rétablir les comptes publics en faisant 110 milliards d’euros économies dans les dépenses sur cinq ans. C’est une politique dite de l’offre, possible uniquement quand on est aidé par la conjoncture.

Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui

François Fillon pourrait buter sur deux difficultés :

1. L’absence de croissance qui fait rentrer de l’argent dans les caisses de l'Etat. La croissance ne se décrète pas, on l’accompagne. Le choc libéral proposé par Fillon peut aller dans ce sens.

2. Les taux d’intérêt : fini la période des taux zéro, la " parenthèse enchantée " comme on dit dans le bâtiment. Ces taux sont en train de remonter dans la foulée des Etats-Unis,  ce qui alourdira notre dette qu’il faudra rembourser plus cher.

La remontée des taux sera probablement l’un des boulets des années à venir, au point de ne pas respecter les sacro-saints 3% de déficit public par rapport au PIB. On serait peut-être au-dessus des 4%. Si Bruxelles est prête à accepter un écart, ça ne sera pas le cas de Berlin et on pourrait imaginer quelques points de crispation dans le couple franco-allemand.

Plus de promesses que de réalités économiques ?

L'Institut Montaigne – un think-tank libéral – s'est posé la question. Il a passé chaque programme au peigne fin. Celui de François Fillon est tenable à 60 / 65 % (c'est le taux des mesures décidées qui sont réellement budgétées).

Ca peut donc passer, mais au prix d’efforts conséquents de la part des français, et d’une sacrée dose de diplomatie économique vis à vis de nos partenaires européens, essentiellement l’Allemagne.

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