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Le brief éco. La Banque de France verse cinq milliards d’euros à l’État propriétaire

La Banque de France va verser à l’État quelque cinq milliards d’euros au titre de l'année 2017. Le chiffre peut surprendre, mais il est bien réel, et justifié.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le gouverneur de la Banque de France, Francois Villeroy de Galhau, à Paris, le 12 mars 2018. (AFP)

C’est un peu comme une entreprise qui reverse des dividendes à ses actionnaires : la Banque de France va verser à l’État quelque cinq milliards d’euros au titre de l'année 2017. Le chiffre peut surprendre, mais il est bien réel, et justifié. La Banque de France n’est pas une entreprise comme les autres : elle ne fait pas de profits au sens d’une société privée qui les réinvestit dans l’outil de production. La Banque de France est une institution : l’essentiel de ses résultats est reversé à l’Etat sous forme d’impôts et de dividendes.

La machine à cash de l’État  

Le rôle de la Banque de France est avant tout de veiller à la stabilité des prix et son gouverneur participe aux grandes décisions européennes de politique monétaires. Mais l’image du bras financier de l’État n’est pas fausse. Contrairement à son homologue allemande (la Bundesbank), la Banque de France paye l’impôt sur les sociétés. C’est ce qui a d’ailleurs fait baisser son bénéfice net de 5% (l’année dernière à un peu plus de 3 milliards d’euros). Aussi, la banque centrale française a dû se plier, comme les grands groupes privés du CAC 40, à verser la surtaxe exceptionnelle décrétée à l’automne par le gouvernement. Il lui reste malgré tout encore assez d’argent pour le reverser à l’État.

Bilan largement positif

Le bilan de la Banque de France s’élève aujourd'hui à plus de 1 000 milliards d’euros. Cet argent, elle le doit à la politique monétaire menée par la Banque centrale européenne (BCE). C’est la fameuse politique "accommodante" du président de la BCE, Mario Draghi. Pour soutenir l’économie de la zone euro, la BCE continue de racheter chaque mois pour 30 milliards d’euros de dettes publiques. De l’argent mis, indirectement, à disposition des banques privées qui sont censées le redistribuer aux entreprises sous forme de crédit, pour faire tourner l’économie réelle. Il y a tellement de liquidités en circulation que les banques commerciales déposent leurs excédents à la Banque de France en échange d'une rémunération (taux d'intérêt rémunérateur). En réalité, la banque centrale de la République française est devenue, sans le vouloir, une banque d’affaires. Mais cet argent n’est perdu pour personne : ni pour l’économie réelle qui en profite via le crédit aux entreprises ; ni pour l’État –donc nos caisses publiques – qui, en tant que propriétaire (et non actionnaire) de la Banque de France, profite de la politique monétaire européenne en encaissant les dividendes. Un juste retour des choses.

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