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Le brief éco. Rapprochement Alstom - Siemens: le feu vert européen toujours incertain

Il ne se passe plus une semaine sans que l’on parle du rapprochement entre le français Alstom et l’allemand Siemens. Le sujet est de nouveau monté ces dernières heures. La perspective d’un regroupement semble s’éloigner de plus en plus

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les logos Alstom et Siemens. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Le ministre de l’Economie l’avait déjà dit : "Refuser la fusion Alstom - Siemens serait une erreur économique et une faute politique de la part de la Commission européenne". Bruno Le Maire a remis le couvert dans l’émission Questions Politiques sur France Inter, dimanche 27 janvier : "Plus rien ne justifie un véto de l’exécutif européen à ce projet", selon ses propres termes. Petit rappel pour savoir ce dont nous parlons : après le rachat de la branche énergie d’Alstom par l’américain General Electric en 2014, la branche transport du français doit fusionner avec Siemens courant 2019. L’avenir du dossier est entre les mains des services de la concurrence de la Commission européenne qui doit se prononcer au plus tard le 18 février.

Des concessions au-delà des délais

La Commissaire européenne à la concurrence s’est, elle aussi, exprimée dimanche. Une intervention qui n’a rien de rassurant pour les partisans du rapprochement Alstom - Siemens. En octobre, Margrethe Vestager avait déjà signifié aux deux groupes qu’en cas de fusion, le nouvel ensemble serait en position de monopole, notamment sur la signalisation ferroviaire et les trains à très grande vitesse. Alstom et Siemens avaient répondu mi-décembre en annonçant la cession de certains actifs pour 600 millions d’euros. Vendredi 25 janvier, les deux groupes ont fait de nouvelles propositions mais Madame Vestager estime que cela intervient "Bien au-delà des délais habituels". En creux : chers élèves, il fallait envoyer vos copies plus tôt.

Eviter une situation de monopole 

Le rôle de la Commission européenne est de protéger les clients face à un risque de monopole. Moins de concurrence, ce sont généralement des prix plus élevés. Bruxelles freine donc une fusion entre deux groupes qui constituerait à ses yeux un géant européen du transport. Un géant franco-allemand qui ferait de l’ombre aux autres acteurs européens du secteur. Les plus virulents contre ce projet sont les espagnols, les britanniques, les belges et les néerlandais.

Margrethe Vestager est dans son rôle en tenant une telle ligne politique et économique. Mais c’est la limite de l’exercice, car aujourd’hui le marché du train à grande vitesse est mondial. La concurrence est vive, notamment de la part de l’opérateur chinois Crrc (China Railway). Ce groupe gagne des parts de marché partout sur la planète. L'Europe peut-elle se permettre de continuer d'avoir une offre industrielle morcelée, atomisée, face à ce géant asiatique, ogre qui dévore tout ce qu'il peut sur son passage ? C'est la question que va devoir trancher Bruxelles dans les prochains jours.

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