Les métiers de la fonction publique attirent de moins en moins de candidats, selon un rapport de France Stratégie

Une crise "structurelle, durable et généralisée", pour reprendre les termes employés par France Stratégie dans son rapport de décembre 2024: c'est ainsi qu'est qualifiée la crise d’attractivité qui touche toutes les catégories d’emplois et de statuts de la fonction publique. Après plus d’un an et demi d’investigation, l’organisme-conseil indépendant placé auprès du Premier ministre pointe un risque d’aggravation dans les années à venir.

Quelque 15% des postes offerts aux concours de la fonction publique d’État n’ont pas été pourvus en 2022. Le taux d’échec se limitait à 5% quatre ans plus tôt, en 2018. Les collectivités territoriales alertent : les deux tiers indiquent qu’elles ont aujourd’hui au moins un secteur professionnel en tension.

Pour ce qui est de la fonction publique hospitalière, 21% des lits d’hôpitaux de l’APHP (Assistance publique hôpitaux de Paris) ont été fermés en 2022, dont 70% par manque de personnel. Faut-il plus de recrutements ou économiser sur le personnel administratif, présenté comme très nombreux, pour permettre de revaloriser le métier des soignants ? Les chiffres de France Stratégie viennent alimenter une réflexion déjà en cours.

 Une lente érosion

Les salaires et les conditions de travail, peu attractifs, attirent de moins en moins vers les concours. Et ce décrochage ne date pas d’hier, les enquêteurs le font remonter à 2010. C’est donc une érosion, lente mais certaine, qui est à l’œuvre depuis plus d’une décennie, ce qui entraîne un effondrement des taux de sélectivité aux concours.

Dans la fonction publique d’État, entre 2000 et 2010, 12 candidats se présentaient en moyenne au concours pour un poste à pourvoir. En 2024, il n’y a plus que quatre candidats pour un poste. À ceci, s'ajoute un défi de taille qui est d’attirer de nouveaux profils tout en conservant les agents, car le nombre de départs volontaires s’envole. Certains fonctionnaires font alors le choix du secteur privé. Un chiffre est révélateur. Les départs, pour autres motifs que la retraite, ont augmenté de près de 50% au cours des dix dernières années.