Pourquoi les fusions-acquisitions d’entreprises vont se poursuivre pendant la crise
Les actionnaires de PSA et Fiat-Chrysler ont dit oui à la fusion entre les deux groupes pour créer un nouveau géant mondial de l’automobile. Le rapprochement sera officiel le samedi 16 janvier. Cette fusion préfigure d’autres opérations du même type malgré la crise.
Dans le jargon économique et financier on appelle cela les "fusac", contraction de "fusion" et "acquisition". Les milliards brassés lors de ces opérations donnent le vertige pendant la crise mais l’expérience montre que ce sont justement les crises qui ont tendance à favoriser ces "fusac". Pour une raison très simple : en période difficile, on se serre les coudes pour se protéger de la tempête.
Au début, on se regroupe pour être plus forts. Et quand la crise s’éloigne, on essaie de grignoter encore plus de concurrents pour optimiser les perspectives de rebond d’activité. Cerise sur le gâteau, en ce moment : les taux d’intérêt sont très bas, ce qui offre d’excellentes conditions d’endettement à moindre coût. Et les grandes banques d’affaires sont au rendez-vous : les américaines JP Morgan et Goldman Sachs, les françaises BNP-Paribas et Société Générale. Entre 3 500 et 4 000 milliards de dollars de transactions ont été réalisées l’an dernier dans le monde, avec un rebond constaté en juillet, après le premier confinement.
Des "fusac" dans la perspective d'une relance
Parmi les opérations les plus marquantes, outre le mariage PSA - Fiat-Chrysler prévu de longue date, on peut citer l’opération en cours de Veolia sur Suez. Dans le luxe, il y a le rachat du joailler américain Tiffany par le français LVMH. Aux États-Unis, l’agence Standard & Poor's vient de signer un gros chèque de 40 milliards de dollars pour s’acheter un puissant institut de prévisions économiques et dominer ce marché dans la perspective de la reprise. On peut s'attendre aussi à des rapprochements dans le secteur bancaire en Europe.
Mais ces opérations font l’objet d’une judiciarisation de plus en plus forte. Les régulateurs et les États font très attention aux prédateurs étrangers qui rôdent autour de proies nationales faciles. En France, par exemple, la Cour de cassation vient de rendre un arrêt stipulant qu’une entreprise qui en rachète une autre pourra désormais être condamnée pénalement pour des faits antérieurs commis par la société absorbée. Un revirement de jurisprudence susceptible de pousser les acheteurs à regarder les dossiers d’un peu plus près avant de conclure.
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