Production de médicaments en France : que contient l'accord entre l’État et les laboratoires UPSA ?

Le gouvernement ne veut plus d’une nouvelle polémique comme celle qui a récemment éclaté avec le Doliprane. L’État vient de signer un accord avec le laboratoire UPSA, concurrent de Sanofi
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les médicaments concernés par l'accord seront produits à Agen (Lot-et-Garonne) (photo d'illustration, le 4 janvier 2023). (THIBAUD MORITZ / AFP)

UPSA est l’autre grand acteur français du paracétamol avec Sanofi, connu notamment grâce à son Efferalgan prévu pour calmer les douleurs, et le Dafalgan pour faire baisser la fièvre. Le Dafalgan est produit aujourd’hui à 75 millions de boîtes par an, contre 100 millions pour le Doliprane. Il s'agit d'un acteur stratégique, ce qui explique la volonté de l’État de sécuriser la production dans l’hexagone.

Dans cet accord inédit, UPSA s’engage à produire deux nouveaux médicaments essentiels puisés dans une liste fournie en 2023 par le ministère de la Santé, une trentaine de molécules jugées essentielles et stratégiques sur les plans sanitaire et industriel. En échange, l’État promet de geler la baisse des prix prévue pour le paracétamol, avec un moratoire de deux ans. Il faut savoir que la production du paracétamol n’est plus rentable en France vu le bas niveau du prix hors taxe sortie de chaîne imposé par la Sécurité sociale au nom de la réduction des dépenses de santé.

Comme l'explique la PDG d’UPSA, Isabelle Van Rycke, dans le quotidien économique Les Échos, mercredi 20 novembre, qui dévoile cette information, les nouveaux médicaments produits pourraient être la prégabaline, un traitement contre les crises d’épilepsie et la lamotrigine, un traitement contre les troubles bipolaires.

Éviter l'exode vers les États-Unis

Les médicaments en question seront produits à Agen (Lot-et-Garonne) où le site d’UPSA fabrique plus de 300 millions de boîtes de paracétamol par an, dont 45% destinés au marché domestique français. Cet accord permet à l’État d’inciter l’industrie pharmaceutique à rester en France. On peut y voir une action en faveur de la fameuse réindustrialisation à l’heure où la tentation d’aller s’installer aux États-Unis va être forte pour nos entreprises, afin d’éviter les taxes douanières sur les exportations prévues par Donald Trump… en profitant au passage de la promesse du président américain élu de baisser l’impôt sur les entreprises.

Cette promesse de campagne est aussi un moyen, pour Donald Trump, de siphonner notre industrie et d'affaiblir une Europe passive, dépourvue de stratégie commune. Une tentation de délocalisation qui peut être d’autant plus forte pour nos laboratoires pharmaceutiques que les médicaments font partie des produits que la France exporte le plus vers les États-Unis.

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