Aide médicale d'État : la position du Premier ministre reste floue

Dans une interview au "Journal du Dimanche", Michel Barnier indique vouloir "maîtriser les dépenses de l'AME", sans que son but ne soit "détourné". Sur ce sujet clivant au sein de son gouvernement, le Premier ministre semble se livrer à une nouvelle version du "en même temps".
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le Premier ministre Michel Barnier lors d'un déplacement à la frontière entre la France et l'Italie au sujet de l'immigration, à Menton, le 18 octobre 2024. (DYLAN MEIFFRET / MAXPPP)

Michel Barnier en dit un peu plus sur ce sujet de division au sein de son gouvernement - entre Bruno Retailleau à l'Intérieur qui veut réformer cette Aide médicale d'État, et Geneviève Darrieussecq à la Santé qui veut la préserver. Le chef du gouvernement semble tenter un en même temps, dans une longue interview au Journal du dimanche, dimanche 20 octobre, dont la ligne éditoriale penche fortement à droite. 

Michel Barnier souhaite "une maîtrise des dépenses de l'AME" et "s'assurer que l'AME ne soit jamais détournée de son but, à savoir un outil de santé publique". Aide qui permet de prendre en charge les dépenses de santé des étrangers en France depuis au moins trois mois. Il ne remet donc pas en cause son utilité, sa nécessité, mais il peut y avoir une double lecture de son message, un très court message, puisque sa réponse tient en deux phrases.

Michel Barnier ne désavoue personne

À qui parle le chef du gouvernement, quand il dit que l'AME ne doit jamais être "détournée de son but à savoir un outil de santé publique" ? Désavoue-t-il, en disant cela, son ministre de l'Intérieur, accusé par certains de s'en servir de prétexte pour stigmatiser les étrangers ? Ou fait-il au contraire l'inverse ? Sous-entend-il que le fonctionnement de l'AME est à revoir, pour qu'il ne finisse pas par attirer les étrangers pour de mauvaises raisons ? Difficile de le savoir exactement, mais gardez bien en tête qu'il s'adresse à des lecteurs de droite.

En dire le moins possible pour ne désavouer personne : ni Bruno Retailleau, ni Geneviève Darrieussecq, mais surtout aucun camp, ni la droite, totalement alignée sur le ministre de l'Intérieur, ni le centre, qui l'est tout autant sur la ministre de la Santé. Deux camps dont il a tant besoin pour tenir au gouvernement et à l'Assemblée nationale. 

Sur l'enveloppe destinée à l'AME, Michel Barnier est plus clair. "Il doit y avoir une maîtrise des dépenses de l’AME", et le Premier ministre ajoute : "Le gouvernement et le Parlement prendront toutes les dispositions pour que ces dernières ne progressent plus." Il sait qu'une très légère augmentation de cette aide, initialement prévue dans son budget, a fait bondir l'extrême droite, avant d'être finalement gelée. Rappelons que l'AME qui déchaîne les passions, n'est qu'une goutte d'eau, ne représente que 0,5% des dépenses de santé, alors que le nombre de bénéficiaires continue d'augmenter.

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