Assemblée nationale : La France insoumise cherche à calmer le jeu en vue d'une présidentielle anticipée

Pas de vague depuis la rentrée parlementaire. LFI veut se montrer sous son meilleur jour, dans l'espoir de repartir prochainement en campagne.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale Mathilde Panot à côté d'Eric Coquerel, président de la commission des Finances, lors de la session de questions au gouvernement du 8 octobre 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Nouvelle rentrée, nouvelle stratégie ? Les insoumis calment le jeu à l'Assemblée nationale, depuis la nouvelle législature. "Ils sont moins flamboyants", constate auprès de franceinfo un socialiste de premier plan. On les entend toujours dans l'hémicycle, mais moins qu'avant, moins d'éclats de voix, comme un élève qui a eu un avertissement avant les vacances et qui veut montrer qu'il a changé à la rentrée. Les 73 députés du groupe mettent surtout le paquet sur des petites victoires symboliques sur le budget et sur leurs postes à forte valeur ajoutée.

En effet, grâce aux divisions de leurs adversaires, les insoumis ont maintenant quatre postes particulièrement exposés, et respectés au Palais Bourbon : deux commissions (finances et affaires économiques) et deux vices-présidences, pour superviser les débats. Clémence Guetté notamment, une proche de Jean-Luc Mélenchon occupe parfois le perchoir. Des insoumis partagent sur X ses passages, notamment celui-ci  : 

Une insoumise qui recadre un autre insoumis, preuve d'impartialité selon les militants - quitte à la surjouer, pour se montrer à la hauteur de la fonction. Cette attitude n'est autre qu'une stratégie pour certains de leurs alliés du Nouveau front populaire, comme avant les présidentielles de 2017 et de 2022. Selon eux, LFI hystérise, clive, pour mobiliser la base et gagner des abstentionnistes, puis, à l'approche d'une élection, se recentre, calme le jeu, pour rassurer. "Avant une élection, Jean-Luc Mélenchon joue toujours au papi gentil", tacle un député PS.

LFI rêve d'une présidentielle anticipée

D'après un autre député du NFP, "Jean-Luc Mélenchon pense qu'une élection anticipée arrivera dans six mois". C'est d'ailleurs l'analyse en privé de Manuel Bompard le numéro 1 de LFI. En cas de chute du gouvernement Barnier, et faute de pouvoir dissoudre avant juillet, Emmanuel Macron n'aura, selon lui, pas d'autre choix que de nommer la gauche, ou de démissionner. "Ou d'être destitué", ironise-t-il, mais la procédure, déjà rejetée, n'a quasiment aucune chance d'aboutir.

Des cadres insoumis le répètent : ils sont prêts à repartir en campagne. Stratégie là aussi, pour continuer de mobiliser. S'il faut repartir demain, "Jean-Luc Mélenchon est le mieux placé", d'après l'un de ses proches. Constat partagé par d'autres à gauche, même hors LFI : "Le leader insoumis fait des choses que les autres ne savent pas faire, c'est comme à la Star Ac, c'est celui qui chante le mieux qui a le plus de chance".

Mais peut-il gagner, à la fin ? Excepté LFI, personne à gauche n'y croit. "Quelque chose s'est brisée le 7 octobre", pense un stratège socialiste, après l'attaque du Hamas en Israël et les ambiguités des insoumis sur le sujet. Pour un élu écologiste, une présidentielle anticipée ne ferait qu'accélérer la défaite de la gauche : "Le NFP n'est pas prêt, seul Mélenchon l'est". Selon lui, "si le second tour oppose Jean-Luc à Marine Le Pen, c'est elle qui l'emporte à la fin".

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