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Bureau politique à haut risque chez Les Républicains

La question de la primaire et de son calendrier sème - encore - le bazar à droite.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Bruno Retailleau presse son parti de fixer au plus vite les règles du jeu. (LOIC VENANCE / AFP)

Il y aura du monde au bureau politique des Républicains mercredi 16 décembre : une centaine de personnes, d’après un membre de la direction. Début des hostilités à 10h30, pour trancher deux questions : oui ou non à une primaire de la droite ? Et si oui, quand ?

Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, qui veut être candidat, presse son parti de fixer au plus vite les règles du jeu. C’est-à-dire de décider dès à présent du calendrier et des modalités. Lui propose un scrutin à un tour, avec une liste de candidats sur le bulletin de vote. Charge aux électeurs de les classer par ordre de préférence.

"Egocentrisme présidentiel"

Depuis qu’il a avancé cette proposition, la semaine dernière, pas un jour ne passe sans qu’un élu de droite descende en flèche cette idée et l’idée même de primaire. "Usine à gaz", pour Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France. Son collègue du sud, Renaud Muselier, appelle à "mettre fin à ce débat absurde et déplacé” pour se concentrer sur l’essentiel : ceux qui souffrent de la crise. Aurélien Pradié, secrétaire général Les Républicains, n’y va pas de main morte non plus, en parlant d’un "égocentrisme présidentiel, impudique et indécent". Autant dire que Bruno Retailleau a peu de chance de rallier le bureau politique à son idée. Un cadre du parti le dit clairement : "Christian Jacob tiendra sa ligne et n’a aucune raison de céder." Sa ligne, c’est : pas de décision avant les régionales, c'est-à-dire pas avant l’été 2021.

Le président des Républicains fait valoir que parmi les prétendants à la présidentielle, certains doivent d’abord mener campagne pour reconquérir leur région. Résumé d’un cadre : "On ne joue pas les demi-finales avant les quarts." Christian Jacob veut surtout éviter "d’ouvrir la machine à baffes" et de mettre en danger la réélection des présidents de région sortant en lançant trop tôt les hostilités. Une partie de la droite se raccroche aussi à l’idée que les mois prochains verront un candidat naturel s’imposer. Et les sondages se consolider. "Si en juillet, Xavier Bertrand est à 20%, et Bruno Retailleau à 4, la question est réglée", selon un membre du bureau politique.

Deux jokers dans le jeu de Christian Jacob

Christian Jacob dispose de deux jokers dans son jeu. Le premier : faire voter le bureau politique mercredi pour entériner son calendrier. Le second : modifier les statuts du parti pour supprimer la primaire. Cela veut dire réunir le congrès, faire voter des adhérents, lesquels sont en majorité hostiles à cette primaire. L’hypothèse n’est pas totalement exclue.

Certains doutent que la droite en arrive là, pariant plutôt sur un recul de Bruno Retailleau pour deux raisons. D’abord, pour ne pas mettre le bazar au groupe au Sénat. "Des sénateurs éminents prennent déjà leurs distances", glisse un poids lourd de la droite. Surtout, beaucoup croient que l’offensive de Retailleau est "une façon d’exister, car son principal handicap reste son manque de notoriété : habile". 

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