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Comment l'Europe avance (aussi) sur une loi immigration sans faire de bruit

A côté des retraites, l’exécutif prépare une nouvelle loi immigration. Un dossier sur lequel l’Europe travaille aussi, mais à bas bruit. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le Parlement européen, à Bruxelles (Belgique), le 8 janvier 2023. (DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY / AFP)

C’est un Pacte dont on entend très peu parler en France. Et pour cause : à Bruxelles, on fait tout pour éviter que cette longue négociation ne fasse du bruit. La crainte, c’est que l’immigration devienne un sujet polémique, politique, médiatique. Et que les gouvernements les plus populistes en Europe ne bloquent toute avancée sur le sujet. C’est pour cela que ce travail reste pour l’instant un peu sous les radars. 

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Ce texte prévoit de renforcer les frontières de l’Europe, d'harmoniser les droits d’asile, de réduire les délais de traitements pour les dossiers de migrants, de soutenir les pays en première ligne ou encore mieux répartir les migrants au sein l’Union. "On met progressivement en place une politique migratoire européenne", se félicite un eurodéputé français. Sauf que si, déjà, au niveau national, ce n’est pas simple, alors une Union Européenne avec 27 politiques migratoires, c'est autant d’enjeux et de tensions dans chaque pays. Au Parlement européen, on pense pourtant que le sujet immigration gagnerait à être traité au niveau de l’UE. 

Un exemple : le pacte européen prévoit notamment d’élargir une base de données européenne avec les empreintes digitales des personnes en situation irrégulière. Une manière d’identifier les migrants afin de suivre leur parcours en Europe et d’éviter d’avoir des demandes d’asile dans plusieurs pays. 

Quand les discussions se font hors des plateaux télé, les dossiers avancent

C’est aussi un texte qui promet plus de fermeté, d’autant qu’il y a aussi une volonté d’accélérer les retours des demandeurs d’asile déboutés avec une juridiction européenne unique. Le sujet a été abordé récemment à Stockholm par les ministres de l'Intérieur des 27. Si le sujet est pris au niveau européen, c’est aussi que les chiffres montrent une augmentation des arrivées irrégulières. En 2022, 330.000 personnes au niveau européen, + 64% sur un an selon Frontex. Il existe ainsi une pression notamment en provenance d’Afghanistan, qu’on voit pour l’instant assez peu en France…

Cela ressemble quand même beaucoup à nos débats français sur les reconduites à la frontière, avec, pour l’heure, moins de brutalité dans les débats. Le sujet n’est pas traité au niveau des chefs d’État, mais il est discuté à des niveaux inférieurs, ce qui évite les postures politiques du hongrois Orban ou de l’italienne Meloni.

Et c'est peut-être une idée à réfléchir : quand les discussions se font hors des plateaux télé, les dossiers avancent. Ce qui est frappant, c’est que cette négociation sur l’immigration en Europe n’est pas récente : elle a débuté en 2020 et pourrait aboutir d’ici quelques mois. 

On note d'ailleurs chez les eurodéputés une volonté d’avancer rapidement sur le sujet. En coulisses, certains expliquent vouloir trouver un accord avant les prochaines élections européennes de l’an prochain. Comprendre : avant que les populistes ne se renforcent éventuellement au Parlement européen.

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