Économie : le gouvernement souhaite banaliser le verdict des agences de notation
Les agences américaines Fitch et Moody's diront, vendredi 26 avril, si la note de la France est dégradée ou pas. Mais pas de panique à Bercy, la preuve : Bruno Le Maire s'envole jeudi pour un voyage officiel à Rabat au Maroc. Il sera bien rentré au moment où les notes tomberont, tard vendredi soir, mais le message est clair : on ne vit pas au rythme des agences de notation.
Situation déjà parfaitement connue
"Les agences, c'est un critère parmi d'autres, les investisseurs ne se prononcent pas qu'en fonction de ça", démine un proche du ministre des Finances. Un cadre de la majorité ironise : "Les agences donnent toujours la météo de la veille." Manière de dire que la situation est déjà parfaitement connue des marchés financiers : un déficit s'est aggravé et des économies massives ont déjà été amorcées avec 20 milliards d'euros prévus au total sur 2024.
Un député se rassure aussi en pariant qu'une dégradation n'aurait "aucune conséquence sur la situation économique de la France, ni sur notre capacité à emprunter". Cet élu ne voit qu'un écueil à une éventuelle dégradation : "Ça nous vaudra des attaques en règle de l'opposition."
Bercy prêt à riposter aux attaques de l'opposition
En pleine campagne pour les élections européennes, les oppositions risqueraient en effet de ne pas se priver de critiquer la gestion du gouvernement. Mais Bercy est prêt à riposter en dénonçant le "double langage" des adversaires : "Ça fait deux ans que Bruno Le Maire prêche dans le désert sur les finances publiques, dit un proche du ministre, alors que de nombreux parlementaires de l'opposition lui envoyaient des courriers réclamant des aides pour les restaurants ou les entreprises de leurs circonscriptions !" Bercy invite donc l'opposition à être "responsable" en ne lançant pas de polémiques sur le sujet.
Il n'est pas certain que cette invitation à la responsabilité fonctionne, puisque le RN aime se moquer des "Mozart de la finance" ou que le patron de LR Éric Ciotti considère, de façon peut-être un peu excessive, que la France "emprunte le chemin de la Grèce". Mais ce que redoute surtout un député macroniste, c'est le verdict de Standard & Poor's, qui lui interviendra fin mai, donc vraiment à quelques jours des élections européennes. "Une dégradation à ce moment-là, dit-il, ça pourrait être gênant."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.