Emmanuel Macron décore Édouard Philippe, dont les apparitions troublent la majorité
Le président de la République remet mardi à son ex-Premier ministre la médaille de grand officier de la Légion d’honneur.
Mardi 15 juin juin à midi, le président de la République remet à son ancien Premier ministre la médaille de grand officier de la Légion d’honneur. Autour du chef de l’État, nombreux pourtant se méfient encore d’Édouard Philippe. Et sa tournée des librairies pour dédicacer son dernier livre n’a pas aidé à lever les inquiétudes. Ce week-end par exemple, arrêt à La Baule. Au programme : rencontre avec le maire de la ville, le sarkozyste Franck Louvrier, puis photo avec la tête de liste régionale de la majorité, François de Rugy, et photo aussi avec sa rivale Les Républicains, la présidente de région Christelle Morançais. Un cliché qui a troublé.
"À quoi joue-t-il ? Quelle est sa partition ?", s’interrogeait lundi un ministre, notant un agenda de dédicace très politique. "Édouard Philippe ne s’affiche qu’aux côtés de candidats ou élus de centre-droit", note ce ministre. Le maire du Havre, lui, se défend de toute malice. "On ne demande rien, ce sont les candidats qui nous sollicitent", balaie son entourage.
Héritier ou remplaçant ?
Sauf qu’il n’y a pas que les déplacements d’Édouard Philippe qui troublent, il y a aussi ses déclarations. Quand il dit qu’il est "loyal mais libre", quand il prédit "des temps difficiles", des "tempêtes" à venir, ou quand il s’inquiète d’une crise "politique" dans un documentaire qui sera diffusé en juillet par France 5. Et à en croire Le Figaro du jour, Édouard Philippe ne va pas s’arrêter de parler, lui qui réfléchit déjà à une nouvelle prise de parole après les régionales et qui prévoit de réunir en septembre au Havre ses soutiens.
"Il a envie de porter un certain nombre d’idées et voudra participer au débat qui s’ouvre", indique l’un de ses proches. Pour se poser comme l’héritier ou le remplaçant d’Emmanuel Macron ? Sans doute un peu les deux, parce que "dans la tribu macronienne au sens large, il est le seul à avoir émergé comme une figure présidentiable", note un macroniste historique. Et c’est ce qui inquiète, en dépit des propos rassurants d’un ami de l’ancien Premier ministre qui assure que le sujet ce n’est pas l’incarnation, "mais les idées. Comment réfléchir à 20 ans et pas dans l’immédiat".
Ce qui n’empêche pas de "semer des petits cailloux", notamment au Parlement. "Il pense que la majorité sera différente l’an prochain et qu’il peut en être le leader. Le recrutement a commencé", note un marcheur qui soupçonne le maire du Havre de viser le perchoir. "Imaginez Édouard Philippe, président de l’Assemblée et chef de la majorité, se projette déjà un député. À ce moment-là, il sera plus solide que le Prince Charles, notamment du fait de l’âge !", c'est-à-dire, dans les meilleures dispositions pour succéder au monarque du moment.
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